Statue de Charette - general vendéen - révolution - vendée - royaliste

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Vendeur: florec0075 ✉️ (162) 95.4%, Lieu où se trouve: Paris, FR, Lieu de livraison: FR, Numéro de l'objet: 196313287881 Statue de Charette - general vendéen - révolution - vendée - royaliste. 15,5 cm Très beau rendu tout en finesse pour cette reproduction de qualité en résine pleine.

François Athanase Charette de La Contrie , né le 2 mai 1763 à Couffé et mort fusillé le 29 mars 1796 à Nantes , est un militaire français et un général royaliste de la guerre de Vendée .

Né dans une famille de petite noblesse bretonne , Charette commence sa carrière militaire en 1779, comme garde de la Marine à Brest . Il participe aussitôt à la guerre d'indépendance américaine , d’abord au large des côtes françaises, puis dans les Antilles . Après la paix, il prend part à quelques campagnes dans les mers du Nord, aux Antilles et en Méditerranée . Il est élevé au grade de lieutenant de vaisseau en 1787 et démissionne en 1790.

Marié la même année avec Marie-Angélique Josnet de La Doussetière, Charette hérite du château de Fonteclose, près de La Garnache , en Vendée . C'est là, en mars 1793, que des paysans insurgés contre la levée en masse viennent le chercher pour le mettre à leur tête.

Entre mars et juin, Charette s'impose difficilement comme le commandant des insurgés des régions de Machecoul et Legé , aux limites de la Vendée et de la Loire-Atlantique . Chef secondaire lors des premiers mois de l'insurrection, ses actions sont éclipsées par les victoires de l'Armée d'Anjou et du Haut-Poitou , qui prend le surnom de Grande Armée . Le 30 avril, les différentes armées vendéennes s'unissent pour former l'Armée catholique et royale , mais dans les faits Charette continue d'agir de manière indépendante.

En septembre et octobre 1793, les républicains prennent l'avantage et occupent toutes les villes de la Vendée militaire . Charette passe alors à la guérilla , il ne participe pas à la virée de Galerne et contrôle pendant quelques mois l'île de Noirmoutier . Le 12 décembre 1793, il est élu général de l'Armée catholique et royale du Bas-Poitou . Son commandement s'exerce alors dans le sud de la Loire-Atlantique et le nord-ouest de la Vendée .

Affaibli par plusieurs défaites successives à la fin de l'année 1793, Charette parvient à échapper aux colonnes infernales qui ravagent la Vendée dans les premiers mois de l'année 1794. Les massacres indiscriminés commis par les républicains poussent les paysans à se réfugier auprès de lui, ce qui regonfle les rangs de son armée.

En décembre 1794, Charette accepte d'entamer des pourparlers avec les représentants de la Convention thermidorienne et le 17 février 1795, il conclut la paix et reconnait la République lors des négociations de La Jaunaye . Cependant, il reprend les armes le 24 mai, après être entré en relation avec les princes en exil, les Britanniques , les émigrés et les chouans de Bretagne . En juillet, Charette est reconnu par Louis XVIII comme généralissime de l'Armée catholique et royale.

La relance des hostilités tourne cependant au désastre. Charette est incapable de s'assurer le contrôle d'une région côtière, ce qui empêche les émigrés et les Britanniques de tenter un débarquement, tandis que la politique pragmatique et conciliante du général Hoche provoque la désagrégation des armées vendéennes.

Abandonné par ses hommes, Charette est capturé le 23 mars 1796 dans les bois de la Chabotterie . Condamné à mort, il est fusillé six jours plus tard à Nantes , sur la place Viarme . Sa mort marque la fin de la deuxième guerre de Vendée .

Par la pérennité de sa résistance, Charette passe dans la mémoire collective comme le général emblématique du soulèvement vendéen. Ses choix stratégiques, sa rivalité avec d'autres chefs et sa responsabilité dans des cas d'exactions lui valent cependant d'être le général vendéen le plus controversé, y compris au sein du camp royaliste.

Biographie

Famille et jeunesse Vue du château de La Contrie, à Couffé , au début du XX e siècle.

Le chevalier François Athanase Charette de La Contrie naît le 2 mai 1763 à Couffé , près d'Ancenis , au nord-est de Nantes 1 . Sa mère, Marie-Anne de La Garde de Montjeu, née en 1732 , est issue d'une vieille famille du Gévaudan 1 . Son père Michel Louis Charette de La Contrie, né en 1719 , est un militaire de carrière, capitaine au régiment de Brissac 1 . La famille de Charette de La Contrie trouve ses origines en Bretagne et est vraisemblablement anoblie par charges au XVI e siècle2 . Le parrain de François Athanase, Louis Charette de La Gascherie, est conseiller et doyen au Parlement de Bretagne 3 ,4 . Sa marraine est Mme Busson de La Marière, née Julie Raudais de La Moinerie3 ,4 . Parmi ses oncles, Jacques-Nicolas Fleuriot de La Freulière , deviendra également un chef vendéen5 . François Athanase a pour sœur et pour frère : Marie-Anne, née le 1er avril 1757 , et Louis Marin , né 17 avril 1759 6 . Six autres enfants – Marie, née en 1751 ; Françoise, née dans les années 1750 ; Louis Ambroise, né 1765 ; Pierre Louis, né en 1767 ; Louis Nicolas, né en 1768 ; et Jacques René, né en 1773 – meurent avant d'atteindre l'âge adulte7 .

François Athanase passe sa jeunesse au manoir de La Contrie, dans le bourg de Couffé 8 . Il pourrait avoir fait des études au collège des oratoriens d'Angers 3 . Son père meurt le 25 mai 1775 9 , suivi par sa mère le 3 janvier 1783 5 . En tant que cadet, François Athanase hérite des métairies de La Vendière et de La Tournière à moitié avec sa sœur Marie Anne, tandis que le reste de la fortune échoit à son frère aîné, Louis Marin 9 .

Carrière dans la marine royale

Guerre d'indépendance américaine

Le 20 mars 1779 , François Athanase Charette de La Contrie reçoit sa lettre de nomination comme aspirant garde de la Marine 10 ,11 . La guerre d'indépendance américaine fait alors rage depuis quatre ans et la France a rejoint les hostilités contre la Grande-Bretagne depuis quelques mois10 .

Le 24 mai 1780 , Charette, alors âgé de 17 ans , embarque à Brest sur L'Auguste , un vaisseau de ligne chargé de protéger les côtes françaises12 , mais il tombe malade à plusieurs reprises et manque des sorties12 . Le 2 mars 1781 , le bateau est désarmé pendant quelques jours et Charette est débarqué pour être envoyé à l'hôpital13 . Remis sur pied, le 16 avril 1781 , il monte à bord du Hardi , un vaisseau intégré à l'escadre de La Motte-Picquet , alors forte de six vaisseaux de ligne et deux frégates 14 . Le 2 mai, cette escadre rencontre un convoi anglais chargé du butin pris lors de la conquête par l'amiral Rodney de l'île néerlandaise de Saint-Eustache , le 3 février14 . Les deux vaisseaux d'escorte du commodore Hotham prennent la fuite et vingt-deux navires marchands sont capturés par les Français14 .

Le Hardi met ensuite les voiles le 28 juin pour se joindre à l'expédition espagnole de Luis de Córdova à Cadix , mais il doit retourner à Brest le 7 septembre, où il est désarmé14 .

Article détaillé : Bataille des Saintes . La bataille des Saintes , huile sur toile de Thomas Whitcombe , 1783.

Le 15 octobre, Charette change d'affectation et monte sur Le Clairvoyant , un cotre 15 . Le 14 février 1782, ce dernier appareille à Brest pour les Antilles avec un convoi de navires marchands et de transports de troupes15 . Il atteint Fort-Royal , en Martinique , et rallie les escadres du vice-amiral de Grasse 15 . Le 8 avril, la flotte prend le large, mais elle est attaquée par les escadres britanniques des amiraux Rodney et Hood 15 . La bataille des Saintes s'engage le 9 avril et s'achève le 12 par le pire désastre de la guerre pour les forces françaises15 . Le Clairvoyant parvient à s'échapper sans grand dommage vers la Guadeloupe et fait escale en différents points des Antilles 15 .

Le 24 juin, Charette débarque au Cap15 et passe sur le vaisseau de ligne L'Hercule , fortement éprouvé lors de la bataille des Saintes 16 . La vaisseau rejoint l'escadre du marquis de Vaudreuil qui, à la fin de l'année, se dirige vers la Jamaïque où avec la flotte espagnole est prévu une action16 . Mais, l'ouverture de négociations de paix entre la France et la Grande-Bretagne et la conclusion d'un accord de cessation des hostilités le 3 février rendent désormais toute action inutile16 . L'Hercule et plusieurs autres navires retraversent l'Atlantique et atteignent le port de Brest le 17 juin, où ils sont accueillis par une population enthousiaste16 . Charette débarque à terre onze jours plus tard16 .

Campagnes en mer Baltique et aux Antilles pendant la paix La Cléopâtre , par Robert Dodd , 1793, Royal Collection .

La paix conclue entre la France et la Grande-Bretagne, Charette reste à Brest près d'une année afin de compléter sa formation d'apprenti marin16 . Il reprend la mer en mai 1784 sur une gabare , La Loire , pour une expédition avec cinq autres navires visant à ramener en France du bois de charpente depuis le golfe de Riga , dans l'Empire russe 17 . Il est de retour à Brest le 4 septembre17 . En octobre et novembre, le navire effectue encore quelques missions de cabotage côtier à Port-Louis et Paimbœuf 17 .

Le 11 juin 1785, Charette monte à bord de La Cléopâtre . Cette frégate parcourt les côtes espagnoles dans un premier temps puis part pour la Martinique , qu'elle atteint le 5 décembre18 . De là, Charette s'embarque sur Le Dauphin , un petit brigantin qui sert probablement de navire école pour la formation des futurs lieutenants de vaisseau18 . Charette en assure le commandement du 12 décembre 1785 au 4 avril 178618 . Il commande ensuite la rade de Saint-Pierre , à bord d'un ponton , chargé de surveiller les va-et-vient des navires, jusqu'au 12 octobre18 . Du 8 janvier au 31 mai 1787, Charette effectue son dernier commandement aux Antilles à bord d'un petit bâtiment, Le Vigilant 18 . Son service terminé, il retourne à bord de La Cléopâtre qui appareille le 8 juin à Saint-Pierre18 . Une avarie de gouvernail oblige à un arrêt à Glocester , dans le Rhode Island , aux États-Unis 18 . Le 29 octobre, le navire est de retour à Brest 18 .

Ayant effectué les six années nécessaires à sa montée en grade, Charette est promu lieutenant de vaisseau le 11 novembre 1787, à l'âge de 24 ans 18 . La Bouchetière[Qui ?] indique alors qu'il est actif, plein de zèle, et qu'il a toujours rempli ses devoirs18 ,19 . Charette prend ensuite un congé de six mois18 .

Campagne en mer du Levant contre les corsaires grecs

Le 10 mai 1788, Charette embarque sur La Belette , une corvette de 18 canons commandée par le capitaine de vaisseau Hesinisy de Moissac20 . Celui-ci est assisté par le comte de Ferrières, major de vaisseau, par le chevalier Gras de Preville, lieutenant de vaisseau de première classe, ainsi que par le comte de Pierre et le chevalier de Charette, lieutenants de vaisseaux de seconde classe20 . Intégrée à l'escadre d'évolution du marquis de Nieul , la flotte rallie à Gibraltar une division navale venue de Toulon , puis elle entre dans la mer Méditerranée 20 . Elle se porte sur Carthagène , puis sur Alger où elle arrive à temps pour secourir des navires marchands français contre un corsaire barbaresque 20 . La Belette quitte ensuite la flotte pour porter à Toulon « un courrier diplomatique relatif aux menaces de guerre du Bey » 20 . Elle rejoint ensuite le reste de l'escadre à l'île de Malte , mais celle-ci regagne la France et l'escadre est dissoute à Toulon20 .

Article détaillé : Guerre russo-turque de 1787-1792 .

Le 21 septembre, La Belette passe sous le commandement du comte de Ferrières et est rattachée à la division navale du comte de Thy 20 . Cette dernière fait alors voile vers le bassin Levantin avec pour mission de « croiser contre les pirates […] et de donner au commerce et à la navigation tous les secours et la protection qui peuvent assurer leurs opérations » 20 . À la suite de l'annexion du Khanat de Crimée par la tsarine Catherine II , une guerre fait rage entre l'Empire russe et l'Empire ottoman , ce qui donne un élan à une foule de petits corsaires turcs, grecs ou russes qui assaillent les navires marchands20 . La France, alliée de l'Empire ottoman, tient alors à sécuriser son commerce avec la sublime Porte 20 . Début novembre la division de Thy arrive au large de Smyrne , où elle relève celle de Saint-Félix 20 . De Thy donne ensuite pour instruction à La Belette et à l'aviso L'Impatient de croiser entre Navarin , dans les îles Ioniennes , et la Crète , afin d'escorter les bâtiments français jusqu'à l'île de Sapientza 20 . Les Îles Ioniennes sont à cette époque le repaire de corsaires grecs et esclavons battant pavillon russe20 . Les deux bâtiments français effectuent leur mission pendant les mois de novembre et décembre et se portent jusqu'aux côtes de l'Albanie , où, à au moins une occasion, les hommes de La Belette livrent un affrontement contre des pirates grecs20 . En février et mars 1789, des vents violents immobilisent pendant plusieurs jours La Belette et L'Impatient dans le port de Corfou , alors territoire de la République de Venise 20 . Lors des fêtes du Carnaval , l'explosion accidentelle d'un magasin de poudre près du port manque de peu d'endommager gravement les deux navires français20 . Par la suite, Ferrières rencontre des navires marchands à Cythère et les escorte jusqu'aux Dardanelles 20 . Finalement le 17 juin 1789, à son arrivée au port de Naples de Romanie , Ferrières reçoit l'ordre du comte de Thy de regagner Toulon 20 .

La Belette accoste à Toulon le 12 juillet 178920 . Charette quitte le navire le 22 août, après avoir touché 1 347 livres et 10 sols pour sa campagne dans les mers du Levant20 . Le 14 novembre, une demande de congé de huit mois lui est octroyée et Charette regagne la Bretagne20 .

Début de la Révolution française Le château de Fonteclause, habitation de Charette . Gravure de Thomas Drake , 1856, Album vendéen.

Charette quitte la marine royale et demande sa retraite en novembre 179021 . Les raisons de ce départ ne sont pas précisément connues. Pour l'historien Lionel Dumarcet cette décision n'est pas forcément prise pour des raisons politiques21 . Propriétaire de seulement la moitié de deux métairies, qui lui rapportent une rente très modeste de 1 050 livres par an, Charette pourrait avoir voulu s'éloigner des rigueurs du service en mer et s'assurer un train de vie confortable par un beau mariage21 .

Le 25 mai 1790, à 27 ans , Charette épouse à Nantes , dans la paroisse de Saint-Denis, Marie-Angélique Josnet de La Doussetière, âgée de 41 ans 21 ,22 . Veuve d'un premier mariage avec Louis Joseph Charette de Boisfoucaud, Marie-Angélique appartient à une famille de gros propriétaires terriens21 . Elle est à la tête d'une vingtaine de métairies et possède 20 000 livres de biens mobiliers, ainsi que l'hôtel Paulus , à Nantes , et le manoir de Fonteclose, à La Garnache , dans le département de la Vendée 21 ,23 . Le 21 juin, Marie-Angélique donne devant notaire procuration à son époux pour administrer ses nombreux biens et domaines21 .

Le couple ne semble pas vivre en très bonne intelligence21 . Charette devient très rapidement infidèle et s'éloigne du foyer conjugal21 ,24 ,25 . Plusieurs témoignages le décrivent comme « très enclin à l'amour des femmes » , quoique, selon Le Bouvier-Desmortiers , « plus ardent que sensible, il trouva et suivit constamment la maxime de Buffon , qu'en amour il n'y a de bon que le physique. Il aima les femmes beaucoup pour lui ; fort peu pour elles » 26 ,21 ,27 .

À partir de 1790 , Charette partage sa vie entre Nantes , où il est domicilié à l'hôtel Paulus , près du château des ducs de Bretagne , et le manoir de Fonteclose, entre La Garnache et Machecoul , aux limites des anciennes provinces du Poitou et de Bretagne 28 . En 1791 , les agitations révolutionnaires semblent avoir amené le couple à s'éloigner de Nantes pour passer l'hiver à Fonteclose28 . Le 2 février 1792, Marie-Angélique donne naissance à un enfant, Louis Athanase, mais celui-ci meurt deux mois plus tard28 ,25 .

Selon Lucas de La Championnière et Le Bouvier-Desmortiers , suivis par plusieurs auteurs du XIX e et du XX e siècle, comme G. Lenotre , Françoise Kermina ou Michel de Saint Pierre , Charette émigre à Coblence vers fin 1791 ou début 1792 , puis il rentre en France et participe à la défense du Palais des Tuileries , lors de la Journée du 10 août 1792 29 ,Note 1 . Cependant pour l'historien Lionel Dumarcet, suivi par l'historien Alain Gérard 25 , l'émigration de Charette n'est aucunement prouvée, d'autant que son nom n'apparaît sur aucune liste d'émigrés alors que « se faire inscrire était pourtant l'une des principales obligations quand on arrivait à Coblentz  » 29 . La présence de Charette à Paris et sa participation aux combats du 10 août est également douteuse pour Lionel Dumarcet, qui conclut qu'aucune preuve n'établit que Charette ait quitté l'ouest de la France lors des premières années de la Révolution29 .

Débuts de la guerre de Vendée

L'insurrection contre la levée en masse Soulèvement de Machecoul , gravure d'Adolphe Pierre Leleux , 1845.

En 1789 , les populations rurales de l'ouest de la France accueillent favorablement la Révolution , mais celle-ci déçoit assez rapidement leurs espoirs32 . À partir de 1790, l'augmentation des impôts nouvellement créés et la constitution civile du clergé provoquent de forts mécontentements qui entraînent les premières émeutes32 . En mars 1793 , la levée en masse met le feu aux poudres et de nombreuses insurrections paysannes éclatent à travers le pays, particulièrement au Poitou , en Anjou , en Bretagne et au Maine 33 .

Les 10 et 11 mars, l'insurrection devient générale dans l'Ouest34 . Dans le Pays de Retz , au sud du département de la Loire-Inférieure , le bourg de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu tombe le premier aux mains des insurgés35 . Ces derniers prennent pour chef un noble, Jean-Baptiste de Couëtus , ancien capitaine au 60e régiment d'infanterie 35 . Le 11 mars, plusieurs milliers de paysans attaquent la ville de Machecoul , défendue par seulement 250 gardes nationaux 36 . Les patriotes sont rapidement submergés, 15 à 26 d'entre eux sont tués et un plus grand nombre faits prisonniers36 .

Maîtres de la ville, les insurgés mettent en place un « comité royal » , dirigé par René Souchu, qui jure obéissance et fidélité au roi de France36 . Un noble, Louis-Marie de La Roche Saint-André , arraché à son château des Planches, près de La Garnache , est placé de force à la tête des troupes en raison de son expérience militaire36 .

Le 12 mars, Bourgneuf-en-Retz se rend à la première sommation d'une troupe d'insurgés menée par le marchand de volailles Louis Guérin 37 . En revanche, Paimbœuf résiste le même jour à l'attaque d'une bande commandée par Ripault de La Cathelinière 35 . Le 13 mars, le bourg de La Garnache tombe aux mains d'un rassemblement mené par Marie Adélaïde de La Touche Limouzinière 38 . En Vendée , la région de Challans passe quant à elle sous le contrôle du chirurgien Jean-Baptiste Joly 39 .

Carte de l'insurrection vendéenne en mars 1793.

Le 14 mars, Charette arrive à Machecoul à la tête d'une petite troupe de 80 paysans38 . Les circonstances de son entrée en guerre sont mal connues38 . D'après Le Bouvier-Desmortiers , Charette cède avec difficulté aux sollicitations des paysans venus le chercher à Fonteclose : « On disait dans l'armée que cet homme, qui devait se distinguer entre tous par l’opiniâtreté de la résistance, s'était vu arraché par les paysans de la cachette peu glorieuse qu'il était allé chercher sous son lit » 38 . De manière générale, les nobles, sollicités en raison de leur expérience militaire, montrent peu d'enthousiasme à rejoindre un soulèvement qu'ils pensent voué à l'échec et sont entraînés de force40 . Marie-Angélique ne suit pas son époux et se réfugie à Nantes dès les premiers jours de l'insurrection41 . Charette est immédiatement admis au comité de Machecoul, de même que Couëtus et le chevalier de Keating, mais le commandement en chef des troupes est assuré par l'ancien officier de cavalerie La Roche Saint-André36 .

Article détaillé : Bataille de Pornic (23 mars 1793) .

Le 23 mars, l'armée de La Roche Saint-André, ralliée à celles de La Cathelinière et de Guérin, se lance à l'attaque du port de Pornic 37 . Après un court combat, la ville est occupée par 4 000 paysans qui pillent les caves et s'enivrent pour fêter leur victoire37 . Pendant la nuit, un petit détachement de 70 à 80 patriotes lance une contre-attaque qui surprend totalement les insurgés et les met en fuite37 . Plus de 200 paysans sont tués, dont plusieurs sont exécutés sommairement37 . Menacé par ses hommes et par le comité de Souchu, La Roche Saint-André prend la fuite après cette débâcle et se réfugie à Noirmoutier, avant de rejoindre le comité royaliste de Challans 37 .

Article détaillé : Bataille de Pornic (27 mars 1793) . Le Massacre de Machecoul , huile sur toile de François Flameng , 1884, musée d'Art et d'Histoire de Cholet .

Le comité de Machecoul remet alors le commandement des troupes à Charette37 . Dès le 26 mars, à la tête d'un rassemblement de 4 000 à 5 000 paysans, le chevalier repart à l'attaque de Pornic 37 . Le lendemain, à l'approche des insurgés, les 200 patriotes présents sur place se réfugient à l'intérieur des maisons. Charette en fait incendier vingt-sept pour les déloger et la résistance dure trois heures37 . Charette laisse une faible garnison sur place et repart le soir même pour Machecoul avec deux canons et 30 prisonniers37 .

Article détaillé : Massacres de Machecoul .

Pendant ce temps, en représailles de la déroute du 23 mars, le comité de Machecoul ordonne l'exécution des patriotes détenus dans ses prisons42 ,43 ,44 . Après un jugement sommaire devant un tribunal improvisé présidé par Souchu, environ 200 patriotes sont fusillés dans les douves du château de Machecoul à partir du 27 mars42 ,45 . Les exécutions s'achèvent le 15 ou le 22 avril42 . Dans ses mémoires, l'officier royaliste Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière écrit que Charette « souffrit plutôt qu'il n'ordonna les exécutions » 42 ,Note 2 . L'avis des historiens est plus partagé. Pour Lionel Dumarcet, Charette a une part de responsabilité dans les tueries42 . Alain Gérard considère quant à lui que Charette n'est pas impliqué dans les crimes de Souchu47 . Pour Jean-Clément Martin et Roger Dupuy , Charette ne fait rien pour s'interposer48 ,49 . De même, pour Émile Gabory  : « Souchu exécuta, Charette laissa faire » 42 .

Contre-offensive républicaine en avril Vue de Machecoul, gravure de Thomas Drake, 1856, Album vendéen.

Après les premiers succès des insurgés, les républicains rassemblent leurs forces pour réprimer le soulèvement. Cependant, le 19 mars, une première colonne de 2 300 soldats commandée par le général Louis de Marcé est mise en déroute par 5 000 paysans menés Charles de Royrand à la bataille de Pont-Charrault , dans le département de la Vendée 50 ,51 . Cette débâcle connaît un grand retentissement qui porte jusqu'à Paris et provoque la stupeur des députés de la Convention nationale 50 . C'est après cette bataille, qui eut lieu en plein cœur du département de la Vendée, que tous les insurgés de l'Ouest commencent à être qualifiés génériquement de « Vendéens » et que le conflit devient la « guerre de Vendée », alors que l'insurrection concerne pourtant de nombreux autres départements50 ,51 .

Au début du mois d'avril, l'insurrection est réprimée en Bretagne et dans le Maine . Charette se retrouve alors menacé par deux colonnes républicaines : au nord, sortie de Nantes , la colonne de l'adjudant-général Jean-Michel Beysser , forte de 3 000 hommes de l'Armée des côtes de Brest 52  ; au sud, sortie des Sables-d'Olonne , la colonne du général Henri de Boulard , forte de 4 000 hommes de l'Armée des côtes de La Rochelle 53 .

Articles détaillés : Bataille de Challans (1793) et Bataille de Saint-Gervais . Carte des combats en Vendée entre le 10 et le 19 avril 1793. Carte des combats en Vendée entre le 20 avril et le 5 mai 1793.

L'armée des Sables se met en mouvement la première. En quelques jours, elle enfonce les défenses de Jean-Baptiste Joly et s'empare de Challans le 12 avril53 . Charette réunit alors ses forces avec celles de Joly pour contre-attaquer le lendemain, mais leur assaut est repoussé par l'artillerie républicaine53 . Le 14 avril, les républicains atteignent la bourgade de Saint-Gervais , où ils repoussent le lendemain une nouvelle attaque de Charette et Joly53 ,54 . Les insurgés laissent au moins plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de morts dans ces deux actions, tandis que les patriotes ne déplorent que deux tués53 . Cependant l'armée de Boulard, jugée trop isolée et éloignée de ses bases, reçoit ensuite l'ordre de battre en retraite53 . Malgré ses victoires et des pertes minimes, le général républicain se retrouve ainsi obligé d'abandonner les localités conquises et se replie sur La Mothe-Achard entre le 20 et le 22 avril53 .

Article détaillé : Bataille de Machecoul (22 avril 1793) .

Au même moment, Beysser se met en marche depuis Nantes 52 . Sa progression est rapide. Le 21 avril, il s'empare de Port-Saint-Père , le quartier-général de La Cathelinière 52 . Le 22, son armée arrive devant Machecoul 52 ,54 . Charette déploie ses hommes en bataille aux abords de la ville. Les insurgés, démoralisés par leurs déroutes à Challans et à Saint-Gervais, cèdent à la panique dès les premiers coups de canons ; ils s'enfuient dans les campagnes52 ,54 . Beysser fait alors son entrée dans Machecoul sans déplorer la moindre perte et réoccupe la ville52 . Les républicains font quelques prisonniers, dont René Souchu, qui est condamné à mort par une commission militaire improvisée, puis décapité à la hache par un sapeur 52 . Dans les jours qui suivent, Beysser divise son armée en différents détachements qui reprennent le contrôle de Pornic , de Bourgneuf-en-Retz , de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu et de l'île de Noirmoutier 52 .

Installation à Legé Vue de Legé, gravure de Thomas Drake, vers 1850.

Le lendemain de sa déroute à Machecoul, Charette vient trouver refuge auprès de l'armée de Charles de Royrand à Saint-Fulgent 52 ,55 ,56 . L'entrevue entre les deux chefs tourne mal, Royrand reprochant publiquement à Charette d'avoir perdu Machecoul52 ,56 . Ce dernier gagne alors Rocheservière et Vieillevigne , avec seulement quelques centaines d'hommes57 . Il est accueilli avec froideur par le chef local, Gabriel Esprit Vrignault, et avec hostilité par Marie-Anne de Goulaine, dame de Laudonnière57 . Le comité royaliste de la localité demande à être payé pour fournir des vivres à ses combattants55 ,56 et d'après Lucas de La Championnière des paysans de Rocheservière accusent Charette de lâcheté et « délibérèrent s'ils ne le tueraient point » 57 ,58 ,59 . Charette s'établit alors dans la petite ville de Legé , à la limite de la Loire-Atlantique et de la Vendée , qui n'est sous la coupe d'aucun chef notable et dont le comité royaliste local, dirigé par Madame Lespinay de La Roche et Gouraud de la Raynière, est peu influent57 ,60 . Alexandre Pineau, le capitaine de paroisse local, se rallie à lui57 ,60 .

Article détaillé : Bataille de Legé (30 avril 1793) .

Informé de cette installation, Beysser détache une colonne de 600 hommes commandée par l'adjudant-général Boisguyon pour s'emparer de Legé 57 ,60 . Vrignault vient alors rejoindre Charette et les deux chefs réunissent ainsi 1 500 hommes57 ,60 , dont un quart armés de fusils61 . Le 30 avril, les républicains attaquent Legé par le nord57 . La ligne de défense vendéenne est enfoncée, puis l'artillerie et la cavalerie des républicains s'enlisent dans la boue57 . Charette rallie les fuyards et fait filer les hommes armés de fusils le long des ailes des patriotes57 . Boisguyon ordonne alors la retraite, qui s'effectue dans la confusion la plus totale57 . Les républicains laissent sur le terrain deux canons, 21 prisonniers et plusieurs dizaines de tués57 .

Fort de ce succès, Charette annonce le lendemain son intention de marcher sur Machecoul 55 ,60 . Cependant une violente émeute éclate entre ses hommes et ceux de Vrignault qui se disputent la possession des canons pris aux républicains55 ,61 ,60 . Charette est lui-même pris à partie ; des combattants sont blessés et une dizaine de mutins sont arrêtés et enfermés dans une écurie55 ,61 ,60 . Les chefs parviennent à rétablir le calme et Charette gracie les mutins55 ,61 ,60 .

Le soir du 2 mai, Charette se met en marche vers Machecoul avec un millier d'hommes55 ,61 ,60 . L'expédition tourne au fiasco lorsqu'à Paulx , l'apparition d'un détachement de dragons républicains provoque un mouvement de panique chez les paysans qui refluent dès le lendemain à Legé55 ,61 ,60 .

Vue en 2012 du château de Bois Chevalier , à Legé .

De son côté, le général de division Jean-Baptiste-Camille de Canclaux , commandant en chef de l'armée des côtes de Brest , arrive à Nantes le 1er mai et planifie aussitôt une offensive visant à prendre la ville de Legé57 . Quelques jours plus tard, quatre colonnes se mettent en mouvement contre Charette : au nord-ouest, la colonne de Beysser , présente à Machecoul  ; à l'ouest, la colonne de Baudry d'Asson , présente à Challans  ; au sud, la colonne de Boulard , présente à Palluau  ; et au nord, la colonne de Laborie, présente à Saint-Colombin 57 ,54 . Charette ordonne alors l'évacuation de Legé, qui s'effectue le 3 mai malgré l'opposition des habitants57 ,55 ,60 . Vrignault retourne à Rocheservière avec ses hommes et Charette gagne Vieillevigne avec seulement 450 combattants57 ,55 ,61 . Il se heurte alors à l'hostilité du comité royaliste de la localité, qu'il doit payer pour pouvoir obtenir des vivres et des logements55 ,61 . Charette envoie également un courrier pour Charles de Royrand , à Montaigu , afin de le prévenir de son arrivée et lui demander de la place dans son cantonnement55 ,57 . Ce dernier répond en lui reprochant l'abandon de Legé et en lui défendant de se présenter à son camp55 ,61 ,57 . Charette s'installe alors dans les landes de Bouaine, entre Saint-Philbert-de-Bouaine et Montbert 57 .

Article détaillé : Bataille de Saint-Colombin (1793) .

Le 5 mai, Legé est investie par les républicains, qui ne rencontrent qu'une résistance insignifiante57 ,60 . Canclaux laisse alors sur place une petite garnison de 500 hommes et les différentes colonnes regagnent leurs points de départ57 ,55 . Le 7 mai, la petite colonne de Laborie est brusquement assaillie par Charette lors de son retour à Saint-Colombin 57 . Les républicains s'enfuient presque sans combattre et laissent entre 200 et 350 prisonniers57 ,55 . Parmi les captifs, quelques officiers et des soldats de l'ancien régiment de Provence et de l'ancien régiment de La Mark rallient les rangs des Vendéens et servent d'instructeurs pour entraîner les paysans au combat57 ,55 ,61 . C'est peut-être aussi après cet affrontement que l'Allemand Pfeiffer rejoint Charette pour devenir par la suite son homme de confiance et son garde du corps57 . Quelques républicains sont également envoyés à Nantes pour proposer un échange de prisonniers, que les patriotes refusent en donnant pour toute réponse que « la République ne traite point avec des rebelles » 62 ,63 .

Article détaillé : Bataille de Palluau . Portrait de Marie Adélaïde de La Touche Limouzinière, comtesse de La Rochefoucauld , huile sur toile anonyme, vers 1780-1790.

Informé de ce revers, Canclaux ordonne aussitôt l'évacuation de la garnison de Legé 57 ,60 . Celle-ci s'effectue dans la journée du 9 mai et Charette fait son retour en ville le soir même57 ,60 . Il établit son quartier-général dans la maison Pineau et s'installe dans le château de Bois Chevalier 57 ,60 . Avec cette victoire, Charette relève sa réputation et de nombreux paysans rejoignent son armée64 . Le 15 mai, ses forces réunies à celles de Joly , de Vrignault et de Savin attaquent la colonne du général Boulard à Palluau 64 . Bien que n'ayant que 1 000 hommes à opposer à environ 10 000 Vendéens, Boulard fait face et repousse les insurgés grâce à son artillerie64 . Un boulet s'écrase notamment aux pieds de Charette et le recouvre de terre alors qu'il tentait de ramener les paysans au combat à coups de plat du sabre61 ,65 . Les Vendéens laissent 100 à 150 morts ou blessés, contre seulement deux tués et vingt-deux blessés pour les républicains64 ,61 . Cette nouvelle défaite est cependant sans conséquence pour Charette, car Boulard évacue Palluau le 17 mai et se retire sur La Mothe-Achard 64 . Son adjoint, le colonel Esprit Baudry d'Asson , évacue quant à lui Challans le 29 mai64 .

Alors que les républicains sont réduits à la défensive, Charette passe le reste du mois de mai dans l'oisiveté à Legé 64 . Dans ses mémoires, l'officier vendéen Lucas de La Championnière écrit qu'« à Legé on ne fut longtemps occupé que de plaisirs. Plusieurs demoiselles et dames du pays vinrent habiter le cantonnement, les jeux et les ris les accompagnaient » 64 ,66 . Charles-Joseph Auvynet , le secrétaire de Charette, écrit quant à lui qu'on « trouvait ce général entouré de femmes et de jeunes gens, ou mollement assis sur un sopha, prenant part à des conversations frivoles, ou se livrant à des danses folâtres avec cette cour efféminée » 64 . Charette reçoit à cette période Marie Adélaïde de La Touche Limouzinière, comtesse de La Rochefoucauld , avec qui il aurait entretenu une liaison64 ,67 ,68 ,60 .

Offensives vendéennes pendant l'été 1793

L'attaque de Nantes Article détaillé : Bataille de Machecoul (10 juin 1793) . Carte des offensives vendéennes de mai et juin 1793

Après la retraite de l'armée des Sables au sud, Charette tourne ses forces contre l'armée des côtes de Brest , au nord64 . Le 10 juin, 12 000 à 15 000 Vendéens menés par Charette, La Cathelinière , Vrignault et Savin attaquent Machecoul , défendue par 1 300 soldats républicains sous les ordres chef de brigade Prat64 ,69 . Les insurgés lancent l'assaut sur tous les côtés et se jettent à plat ventre à chaque décharge de l'artillerie républicaine64 . En moins de quatre heures, les patriotes sont submergés et battent en retraite sur Port-Saint-Père en laissant derrière eux au moins 100 morts et près de 500 prisonniers 64 . Machecoul retombe ainsi aux mains des Vendéens, qui s'emparent également de quinze canons, de nombreux fusils et de 20 000 cartouches64 ,69 . Port-Saint-Père est abandonné peu après par les républicains, qui ouvrent ainsi la route de Nantes 64 . Les Vendéens déplorent cependant la mort au combat de Vrignault, dont les hommes passent ensuite sous l'autorité de Charette64 . Ce dernier, plutôt que de réinstaller à Machecoul, décide de maintenir son quartier-général à Legé64 .

Portrait du général Canclaux , gravure de François Bonneville , fin XVIIIe ou début XIXe.

À la même période, Charette est informé des victoires des forces vendéennes de l'Anjou et du Haut-Poitou 70 . Actives au sud-ouest du Maine-et-Loire , au nord-ouest des Deux-Sèvres et au nord-est de la Vendée , l'Armée d'Anjou et l'Armée du Centre s'unissent le 30 avril pour former l'« Armée catholique et royale  » 71 . Bientôt surnommée la « Grande Armée » , elle rassemble environ 50 000 hommes commandés par Jacques Cathelineau , Charles de Bonchamps , Maurice d'Elbée , Louis de Lescure , Henri de La Rochejaquelein , Jean-Nicolas Stofflet , Charles de Royrand et Charles Sapinaud de La Rairie 71 . Pendant les mois de mai et juin, elle remporte une succession de victoires contre les forces républicaines de l'Armée des côtes de La Rochelle . Les villes de Thouars , Parthenay , Fontenay-le-Comte , Saumur et Angers sont envahies70 . Environ 15 000 à 20 000 soldats républicains sont faits prisonniers, dont un général72 . Des dizaines de milliers de fusils et des dizaines de canons sont capturés72 . Le 30 mai, un Conseil supérieur de la Vendée est établi à Châtillon pour administrer les territoires insurgés et l'Armée catholique et royale est réorganisée en trois branches : Armée d'Anjou et du Haut-Poitou , l'Armée du Centre et l'Armée du Bas-Poitou et du Pays de Retz 71 . Le 12 juin, le conseil de guerre vendéen élit Jacques Cathelineau comme généralissime de l'Armée catholique et royale73 .

Article détaillé : Bataille de Nantes (1793) .

Louis de Lescure aurait alors pris l'initiative d'entrer en correspondance avec Charette74 . Par cet intermédiaire, la Grande Armée et les armées du Pays de Retz s'entendent pour planifier une offensive commune contre la ville de Nantes 74 . Le 29 juin, 30 000 à 50 000 Vendéens lancent l'assaut sur l'ancienne capitale des ducs de Bretagne, défendue par 12 000 républicains commandés par le général Canclaux et le général Beysser 74 . Rejoint par François de Lyrot , chef de l'armée du Loroux , et par Guy Joseph de Donnissan , l'émissaire de la Grande Armée, Charette se porte au sud de Nantes avec 10 000 hommes74 . Il engage le combat à 1 heure du matin, au Pont-Rousseau 74 . Cependant les Vendéens trouvent le pont coupé et, n'ayant apporté ni ponton ni bateau, ils sont bloqués par la Loire74 . Charette se retrouve ainsi cantonné dans un rôle de diversion et son artillerie pilonne inutilement le sud de la cité74 . Les combats décisifs ont lieu au nord du fleuve, où la Grande Armée parvient à prendre pied à l'intérieur de la ville74 . Cependant les Nantais résistent, Cathelineau est mortellement blessé et ses hommes battent en retraite en fin de matinée74 . Charette poursuit quant à lui son duel d'artillerie avec les batteries républicaines jusqu'à neuf heures et demie du soir74 . Il repart à l'attaque le lendemain matin, tandis que Bonchamps mène un nouvel assaut par la route de Paris , mais sans plus de succès74 ,75 . Informé tardivement de l'échec de la Grande Armée au nord du fleuve, Charette donne l'ordre de la retraite en fin de journée et se retire sur Legé 74 .

L'échec de Luçon Vue de Luçon , gravure de Thomas Drake, 1856.

Le 14 juillet, le généralissime Jacques Cathelineau succombe à ses blessures et le 19 juillet Maurice d'Elbée est élu par un conseil de guerre pour lui succéder76 . Absent lors du vote, Charette reproche à La Cathelinière d'y avoir participé sans le consulter, mais ce dernier réplique qu'il n'est en rien son subordonné77 . L'Armée catholique et royale réorganise ensuite le territoire insurgé en quatre divisions : Bonchamps reçoit le commandement de l'Anjou , Lescure du Poitou , Royrand du Centre et Donnissan du Bas-Poitou 77 . Ces quatre généraux sont ensuite chargés de désigner quatre généraux en second77 . Donnissan porte son choix sur Charette77 .

Pendant l'été 1793, les armées vendéennes se désagrègent pendant plusieurs semaines avec le départ des paysans qui retournent à leurs champs pour la moisson 77 . Charette prend également l'initiative de faire défricher les environs de Legé qui sont transformés en une vaste plaine77 ,25 . Dans ses Éclaircissement Historiques , Charles-Joseph Auvynet considère que Charette, en cherchant à se comporter comme le général d'une armée régulière, commet une faute grossière qui altère les capacités défensives de cette petite ville77 ,60 ,54 .

Article détaillé : Troisième bataille de Luçon .

Le 14 août, Charette se joint à la Grande Armée pour prendre part à l'attaque de la ville de Luçon , dans le sud de la Vendée78 . Le généralissime Maurice d'Elbée adopte alors un plan proposé par Lescure , qui prévoit une marche en ordre oblique , de la gauche vers la droite78 . Charette prend position sur le flanc droit, à la pointe de l'attaque, suivi par Lescure78 . Les Vendéens sont 25 000, face à 6 000 républicains commandés par le général Tuncq 78 . L'armée vendéenne se déploie cependant dans un désordre indescriptible et Charette s'ébranle avant même que le centre et la droite ne soient en position78 . Il parvient à bousculer les premières défenses républicaines, mais l'artillerie de Tuncq fait des ravages sur la plaine dégagée et les Vendéens cèdent à la panique78 . L'infanterie républicaine lance ensuite une contre-attaque qui met les insurgés en déroute78 . Charette subit de lourdes pertes et couvre la retraite par le pont de La Minclaye78 ,Note 3 . Selon les sources, les Vendéens laissent entre 1 200 et 5 000 morts dans ce désastre, contre une centaine de tués du côté des bleus78 . Charette se sépare de la Grande Armée après un conseil de guerre orageux78 . Dans ses mémoires, Bertrand Poirier de Beauvais , commandant en second de l'artillerie de l'Armée d'Anjou, rejette la responsabilité de la défaite sur Charette et Lescure78 ,79 . Charette accuse quant à lui Bernard de Marigny , le commandant en chef de l'artillerie royaliste78 .

Les offensives de l'Armée de Mayence

Offensive républicaine de septembre Jean-Baptiste Kléber , huile sur toile Jean-Urbain Guérin , 1798, Nationalmuseum , Stockholm .

Le 1er août 1793, la Convention nationale adopte le « décret relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de Vendée  » , qui ordonne notamment le déploiement dans l'Ouest de l'Armée de Mayence 80 . Cette armée est formée par la garnison française de la ville allemande de Mayence , qui a capitulé le 23 juillet, après un siège de trois mois imposé par l'armée prussienne80 . La garnison a obtenu les honneurs de la guerre pour sa forte résistance et a été autorisée à repartir libre en France, en échange du serment de ne pas combattre les armées de la coalition pendant une année80 . Le 6 septembre, l'Armée de Mayence fait son entrée dans Nantes 80 . Elle est alors forte de 14 000 à 15 000 soldats aguerris81 , commandés par les généraux Aubert du Bayet , Kléber , Beaupuy , Haxo , Vimeux et Scherb 82 .

D'après l'officier vendéen Lucas de La Championnière , l'arrivée de cette armée n'inquiète pas les insurgés du Pays de Retz  : « Nous n'avions eu affaire jusque là qu'à des généraux sans expérience et des troupes sans courage ; quelques victoires nous donnaient peut-être une aveugle confiance dans nos forces. [...] Le vin était toujours en grande abondance dans nos camps ; nos paysans pour la plupart avaient déjà pris l'esprit libertin du soldat. [...] Loin de s'effrayer on se livra de plus en plus à la joie » 83 .

Le 3 septembre, à Tours , le général Canclaux , commandant de l'Armée des côtes de Brest , et le général Rossignol , commandant de l'Armée des côtes de La Rochelle , mettent au point un plan de campagne visant à prendre en tenailles les armées vendéennes84 . Le 8 septembre, l'avant-garde des Mayençais sort de Nantes, menée par Kléber , et s'empare deux jours plus tard de Port-Saint-Père après un combat contre les forces de La Cathelinière 84 ,85 ,86 . Pour la première fois en Vendée, les républicains font usage d'obus explosifs qui jettent la terreur parmi les paysans85 ,87 . Les hommes de La Cathelinière rallient alors ceux de Couëtus à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu , puis ils rejoignent ensemble Charette à Legé 84 . Dans ses mémoires, l'officier vendéen Lucas de La Championnière écrit : « on se fait difficilement une idée de l'état de confusion et de terreur où nous fûmes dans le bourg de Legé. L'entrée subite des Mayençais au Port-Saint-Père, le récit de leurs exploits, les menaces de leurs proclamations, l'incendie éclairant leur arrivée de tous côtés, glacèrent le courage dans le cœur des plus braves. Les officiers expérimentés reconnaissaient que de pareils troupes étaient invincibles pour des paysans » 87 . Une foule de femmes et d'enfants vient également trouver réfuge à Legé, traînant « leurs vieillards et tout le ménage » sur des charrettes87 . Charette, « incapable de se défendre avec des hommes épouvantés dans un endroit où la multiplicité des gens inutiles ne laissait place à aucun mouvement » , ordonne alors un repli général sur Montaigu , à l'est, et envoie un appel à l'aide à la Grande Armée 87 ,54 .

Le 12 septembre, les républicains s'emparent sans combattre de Machecoul et de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu 84 ,88 . Le 13, les Mayençais mettent Couëtus en déroute à Corcoué 85 ,88 ,87 . Le 14, Canclaux, Kléber et Beysser arrivent devant Legé 89 . Charette fait mine d'accepter le combat et déploie sa cavalerie84 ,85 ,60 ,54 . Il couvre ainsi la fuite de son infanterie et des civils pendant que les républicains prennent position, puis il se retire, laissant Legé totalement abandonnée84 ,85 ,54 . Les républicains s'emparent de la ville qu'ils trouvent totalement déserte, à l'exception de 1 200 prisonniers patriotes qui sont délivrés84 ,89 ,54 . La ville est ensuite pillée par les troupes de Beysser et la plupart des maisons sont incendiées84 ,89 ,54 .

Articles détaillés : Bataille de Montaigu (16 septembre 1793) et Bataille de Torfou . Carte des combats en Vendée entre le 10 et le 19 septembre 1793. Carte des combats en Vendée entre le 19 et le 25 septembre 1793. Bataille de Torfou ; les femmes de Tiffauges barrent le chemin aux Vendéens épouvantés à la vue des Mayençais conduits par Kléber , huile sur toile de Alfred de Chasteignier, XIX e siècle.

Les forces vendéennes effectuent leur retraite dans la confusion la plus totale90 . Le 16 septembre, elles sont rejointes à Montaigu par les troupes de Kléber et Beysser84 . « La peur agit alors plus que jamais » selon Lucas de La Championnière et les Vendéens s'enfuient vers Tiffauges et Torfou , en laissant derrière eux au moins 600 morts 84 ,90 . Canclaux donne ensuite l'ordre à Beysser de faire mouvement sur Tiffauges et à Kléber de marcher sur Torfou84 . Le 19 septembre, les 2 000 hommes de Kléber lancent l'attaque sur les forces vendéennes84 . Dans un premier temps, les Mayençais enfoncent à nouveau fois les troupes de Charette et les mettent en déroute84 . Cependant les femmes, restées à l'arrière, se jettent sur les fuyards et les ramènent au combat84 . Peu après, la situation se renverse avec l'arrivée en renfort de la Grande Armée84 . Le général Charles de Bonchamps mène la contre-attaque, porté sur un brancard en raison de ses graves blessures reçues à la bataille de Martigné-Briand 84 . Désormais opposées à 40 000 Vendéens, les forces de Kléber reculent sous le poids du nombre et battent en retraite sur Clisson 84 . Beysser, de son côté, ne se montre pas84 . Les combats s'achèvent après avoir fait des centaines de morts de part et d'autre84 . D'après Lucas de La Championnière  : « On cessa ce jour de faire des prisonniers. Depuis ce temps on n'en a plus fait dans l'armée Charette » 91 ,84 .

Le 18 et le 19 septembre, les Angevins mettent également en complète déroute deux des colonnes de l'Armée des côtes de La Rochelle à la bataille de Coron et à la bataille du Pont-Barré . Le général Rossignol ordonne alors un repli général84 . Le généralissime Maurice d'Elbée peut ainsi concentrer toutes ses forces contre l'Armée de Mayence et l'Armée des côtes de Brest 84 . Il charge Charette, Lescure , Joly et Savin d'attaquer la colonne de Beysser à Montaigu , puis de se tourner vers Clisson pour assister l'attaque de Bonchamps et de Lyrot et couper la retraite des Mayençais84 .

Les hommes de Charette et de Lescure se mettent alors en marche. D'après Lucas de La Championnière  : « L'esprit des paysans qui composaient les détachements de la grande Armée, était bien différent de celui qui régnait parmi nous. Les nôtres pillaient, battaient et juraient comme de vrais soldats ; les autres dans ce temps là revenaient du combat en disant leur chapelets, ils faisaient prisonniers tous ceux qu'ils pouvaient prendre sans les tuer et rarement s'emparaient de leurs dépouilles » 92 ,93 ,94 .

Articles détaillés : Bataille de Montaigu (21 septembre 1793) , Bataille de Saint-Fulgent (1793) et Bataille du Pallet . Vue de Saint-Fulgent , gravure de Thomas Drake, 1856.

Le 21 septembre, les Vendéens se jettent sur les 7 000 hommes de Beysser et les mettent en déroute en leur infligeant de lourdes pertes84 . Les républicains s'enfuient jusqu'aux Sorinières , au sud de Nantes 84 . Cependant, au lieu de repartir vers le nord pour rejoindre d'Elbée, Charette et Lescure font ensuite mouvement vers le sud, pour attaquer la garnison de Saint-Fulgent 84 . L'origine de cette décision et ses motifs ne sont pas éclaircis : dans ses mémoires, Bertrand Poirier de Beauvais estime que l'idée vient de Lescure, tandis que d'autres auteurs l'attribuent à Charette84 . Le soir du 22 septembre, les Vendéens attaquent à Saint-Fulgent les 3 000 hommes du général Jean Quirin de Mieszkowski , qui a succédé à Henri de Boulard à la tête de la colonne des Sables 84 . Selon Lucas de La Championnière , les combattants vendéens poussent « de toutes parts » des « cris affreux » dans une « nuit déjà très obscure » qui épouvantent les républicains et jettent la panique dans leurs rangs84 ,95 . Les républicains laissent 700 prisonniers et les rescapés s'enfuient sur Les Sables-d'Olonne 96 . Cependant, l'attaque de Saint-Fulgent s'avère être une lourde erreur stratégique de la part de Charette et Lescure , car le même jour les forces de d'Elbée , Bonchamps et Lyrot attaquent seules à Clisson et sont repoussées à la bataille du Pallet 84 ,97 . Canclaux peut alors effectuer sa retraite en bon ordre avec ses 12 000 hommes et le 24 septembre il atteint Nantes 84 .

Charette gagne ensuite Les Herbiers avec Lescure où il restent cinq jours inactifs97 ,84 . Ils envisagent d'attaquer La Châtaigneraie ou Chantonnay , mais des dissensions apparaissent entre les combattants des deux armées à propos du partage des vivres et du butin84 . Les soldats de Charette demandent également à rentrer chez eux et certains officiers font défection pour suivre les détachements de la Grande Armée, considérés comme « plus braves » 84 ,98 . L'armée de Charette retourne alors à Legé le 26 septembre99 ,60 dans un paysage de désolation selon le récit de Lucas de La Championnière : « tous les pays que nous parcourions étaient déserts, chacun avait fui la rencontre des Mayençais, beaucoup de maisons étaient incendiées. [...] Beaucoup de ces paysans rentrant chez eux trouvaient non seulement leur maison ruinée, mais leur foyer souillé, leurs femmes déshonorées ; rien n'arrêtait les misérables qui nous combattaient, ni la vieillesse, ni la maladie ; les malheureuses femmes qu'ils avaient prises de force étaient souvent massacrées ensuite et ces crimes étaient commis non seulement par des soldats, mais par des officiers supérieurs qui ne reculaient devant aucune atrocité » 98 .

La prise de l'île de Noirmoutier Carte des combats en Vendée du 25 septembre au 18 octobre 1793.

La retraite républicaine est cependant loin d'être une débâcle. Dès le 25 septembre, les Mayençais repartent à l'offensive99 ,100 . Rapidement, le général Canclaux met en place un nouveau plan de campagne : au lieu de mettre en mouvement une multitude de colonnes, il décide de faire marcher « deux masses de combattants » qui doivent converger sur Cholet , la plus importante ville contrôlée par les Vendéens, au cœur du territoire insurgé99 ,100 . L'Armée de Mayence et l'Armée des côtes de Brest se remettent alors en marche à Nantes , au nord-ouest de Cholet, tandis qu'au sud, l'Armée des côtes de La Rochelle s'ébranle à La Châtaigneraie 99 ,100 . Le 1er octobre, par décret de la Convention nationale , les forces de l'Armée des côtes de Brest basées en Loire-Inférieure et l'Armée des côtes de La Rochelle fusionnent pour former l'Armée de l'Ouest 101 .

Maurice d'Elbée , huile sur toile de Paulin Guérin , 1827, musée d'Art et d'Histoire de Cholet .

La progression républicaine est foudroyante. Le 26 septembre, les bleus sont à Remouillé 102 . Le 1er octobre, ils sont de retour à Montaigu 100 ,102 . Saint-Fulgent et Clisson sont également reprises100 . D'Elbée et Bonchamps se portent alors à la rencontre des Mayençais, mais ils sont cette fois battus le 6 octobre à la bataille de Treize-Septiers , près de Montaigu 100 . Le 10 octobre, le général Haxo occupe Legé , qu'il trouve abandonné99 . En difficulté, d'Elbée et Bonchamps envoient courrier sur courrier à Charette pour lui demander d'attaquer les Mayençais sur leurs arrières99 . Mais d'après la marquise Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein , épouse du général Lescure  : « il ne répondit même pas à leurs lettres. Nous devions croire qu'il ne les recevait pas » 99 .

Articles détaillés : Bataille de Noirmoutier (30 septembre 1793) et Bataille de Noirmoutier (12 octobre 1793) .

Charette ne tourne pas ses forces contre les Mayençais. Probablement renseigné par des habitants de Barbâtre , il adopte comme projet de s'emparer de l'île de Noirmoutier , qui pourrait lui offrir un refuge inexpugnable99 . Dans la nuit du 29 au 30 septembre, il s'engage avec 2 000 hommes sur le passage du Gois , une chaussée submersible praticable à pied lors des marées basses, qui relie l'île au continent par Beauvoir-sur-Mer 99 ,103 . Cependant la surprise échoue et les Vendéens battent en retraite avant d'avoir atteint l'île99 . Le 9 octobre, Charette quitte Legé avant l'arrivée de Haxo et se porte à l'île de Bouin en passant par Machecoul 99 ,60 . Dans la nuit du 11 au 12, il s'engage à nouveau dans le passage du Gois , cette fois à la marée montante, afin que ses hommes n'aient pas la possibilité de reculer99 . Après quelques heures de combats, les défenses républicaines sont emportées et le commandant de la garnison Jean-Conrad Wieland capitule99 . Il remet son sabre à Charette, qui le lui rend99 .

Article détaillé : Massacre de Bouin . Carte de la baie de Bourgneuf ainsi que des îles de Noirmoutier et de Bouin , 1764, musée de Bretagne .

Charette reste trois jours à Noirmoutier, où il met en place une administration royaliste99 . René de Tinguy est nommé gouverneur de l'île et Alexandre Pineau du Pavillon, chef de la garnison99 ,60 . Le 15 octobre, Charette quitte Noirmoutier, où il laisse 1 500 hommes, et passe par l'île de Bouin pour y faire enfermer les prisonniers patriotes104 . Après son départ, le commandant de Bouin François Pajot fait fusiller au moins 200 prisonniers dans la journée du 17 octobre104 . D'après Le Bouvier-Desmortiers , Charette condamne ce massacre et réprimande Pajot, cependant dans un courrier adressé à Noirmoutier ce dernier annonce avoir fait exécuter une partie des prisonniers sur ordre de son général104 .

Articles détaillés : Bataille de Cholet (17 octobre 1793) et Virée de Galerne .

Pendant ce temps, la Grande Armée succombe sous les assauts des différentes armées républicaines105 . Le 17 octobre, elle est battue à la bataille de Cholet 105 . Bonchamps et Lescure sont mortellement blessés et le généralissime d'Elbée est lui-même grièvement touché105 . Acculée à Saint-Florent-le-Vieil sur les rives de la Loire , la Grande Armée franchit le fleuve le 18 et le 19 octobre avec une foule de femmes et d'enfants105 . Désormais menée par le jeune Henri de La Rochejaquelein , elle commence une expédition, appelée la « virée de Galerne  » , qui va la porter jusqu'en Normandie 105 .

Maurice d'Elbée est quant à lui transporté à Touvois , où il est reçu par Charette vers fin octobre ou début novembre104 . Sur les conseils de ce dernier, l'ancien généralissime part trouver refuge à l'île de Noirmoutier, qu'il atteint le 2 ou le 3 novembre104 .

La retraite de Bouin Portrait de François Athanase Charette de La Contrie, pastel anonyme, réalisé entre 1793 et 1796.

Après le début de la virée de Galerne, le gros des forces républicaines se porte au nord de la Loire, à la poursuite de la Grande Armée. Cependant, la prise de Noirmoutier suscite l'inquiétude du Comité de salut public , qui craint qu'elle ne permette aux Vendéens de recevoir l'aide des Britanniques106 . Le 21 octobre, le Comité de salut public enjoint aux représentants en mission Prieur de la Marne et Jeanbon Saint-André de « reprendre l'île ou de l'engloutir dans la mer » 106 . Le 2 novembre, le conseil de guerre de l'armée de l'Ouest charge le général de brigade Nicolas Haxo de constituer un corps de 5 000 à 6 000 hommes pour reprendre l'île de Noirmoutier 104 . Ordre lui est donné d'attaquer et de battre Charette « partout où il pourra le rencontrer en le poursuivant jusque dans Noirmoutier même » 104 . Haxo planifie son offensive et sort de Nantes les 21 et 22 novembre avec deux colonnes commandées par lui-même et par son second, l'adjudant-général Nicolas Louis Jordy 104 . Au même moment, une autre colonne commandée par le général Dutruy et le lieutenant-colonel Aubertin se met en mouvement depuis Les Sables-d'Olonne 104 . Le 26 novembre, Haxo prend Machecoul et Jordy s'empare de Port-Saint-Père après cinq jours de combats et de canonnades contre les forces de La Cathelinière 107 . Jordy prend ensuite Sainte-Pazanne et Bourgneuf-en-Retz 104 , puis il fait sa jonction avec Haxo à Legé le 28 novembre107 . Dutruy occupe quant à lui La Roche-sur-Yon , Aizenay , Le Poiré-sur-Vie et Palluau 108 .

Article détaillé : Bataille de La Garnache .

Charette sort de son refuge de Touvois et réunit ses forces à celles de Joly et de Savin 104 ,107 . Le 27 novembre, ils se mettent en marche pour attaquer Machecoul , mais ils sont surpris près de La Garnache par la colonne d'Aubertin 104 . Joly et Savin s'échappent dans le bocage, tandis que Charette se replie sur Beauvoir-sur-Mer avec l'intention de se réfugier à Noirmoutier, mais il trouve le passage du Gois bloqué par la marée haute et est contraint de s'enfermer dans l'île de Bouin , où il se retrouve bientôt cerné104 .

Le 4 décembre, Charette s'embarque pour l'île de Noirmoutier104 ,108 . Il confie la mission à son aide de camp, Joseph Hervouët de La Robrie, de passer en Angleterre pour y demander des secours104 . La Robrie s'embarque sur une goélette de 60 tonneaux , Le Dauphin , commandée par Louis François Lefebvre104 ,109 . Mais à cause de vents défavorables ou de la présence de navires républicains, il ne peut appareiller que dans la nuit du 23 au 24 décembre104 ,109 ,Note 4 .

Articles détaillés : Bataille de Bouin et Bataille de Bois-de-Céné . Carte des combats en Vendée en novembre 1793. Plan de la bataille de Bouin, le 6 décembre 1793. Topographie du XXI e siècle. Vue de Bouin , gravure de Thomas Drake, 1856, Album vendéen.

Le 5 décembre, Charette est de retour à Bouin , où les Vendéens s'attendent à une attaque imminente111 . D'après Lucas de La Championnière  : « La nuit ne fut pas tranquille. Cependant comme les vivres étaient abondantes et que beaucoup de femmes étaient réfugiées dans l'Isle, les uns se mirent à danser, d'autres à boire, les moins décidés s'échappèrent pendant la nuit » 112 . Le matin du 6 décembre, les colonnes de Jordy et d'Aubertin lancent l'assaut sur l'île104 ,113 . Avant le combat, Charette adresse une courte harangue à ses hommes, dans laquelle il engage ceux qui ne veulent pas combattre à se retirer et promet qu'il sauvera tous ceux qui accepteront de le suivre104 . Mais en quelques heures, les républicains enfoncent les défenses vendéennes sur tous les fronts et s'emparent du bourg de Bouin, où ils délivrent entre 127 et 900 prisonniers patriotes104 ,114 ,106 . Dos à la mer et désormais sans aucune voie de repli, Charette décide de lancer une charge désespérée à la baïonnette pour tenter de rompre l'encerclement104 . Mais au moment où ses troupes se reforment, un habitant de Bouin vient proposer au général vendéen de lui servir de guide à travers le dédale d'étiers et de marais qui recouvrent l'île104 . Cette aide opportune sauve probablement Charette d'un anéantissement total104 . Le général vendéen et environ un millier de ses hommes se faufilent alors entre les colonnes républicaines et parviennent à s'échapper de l'île104 . Dans la soirée, ils mettent en déroute un petit convoi républicain entre Châteauneuf et Bois-de-Céné , ce qui leur permet de se réapprovisionner en munitions, et le 7 décembre ils atteignent Touvois 104 . Les Vendéens laissent derrière eux toute leur artillerie, au moins 200 morts et 83 femmes , dont l'épouse et les filles du général Couëtus , qui sont capturées104 .

Les défaites vendéennes de l'hiver 1793-1794

Expédition de Charette en Anjou et au Haut-Poitou Articles détaillés : Bataille de Legé (7 décembre 1793) et Bataille des Quatre Chemins de l'Oie (1793) . Portrait de Henri de La Rochejaquelein dans l'édition de 1809 des Guerres de Vendée d'Alphonse de Beauchamp . Carte des combats en Vendée en décembre 1793.

Le 7 décembre, Charette tente de reprendre la ville de Legé , mais il est repoussé par la garnison républicaine104 ,60 . Le lendemain, il rejoint Joly et Savin aux Lucs-sur-Boulogne 115 . Le 11 décembre, ils s'emparent ensemble du camp des Quatre Chemins, à L'Oie , où les républicains subissent de lourdes pertes115 . Le 12 décembre, les Vendéens gagnent Les Herbiers , où les officiers se réunissent pour organiser l'élection d'un généralissime115 . À onze heures du matin, Charette emporte les suffrages et est nommé général en chef de l'« Armée catholique et royale du Bas-Poitou  » 115 ,Note 5 .

L'armée du Bas-Poitou se met alors en marche pour le Haut-Poitou , afin d'y ranimer une insurrection pratiquement éteinte avec le départ de la Grande Armée104 . Peu de troupes républicaines sont alors présentes en Vendée, d'autant que Haxo a dû détacher une partie de ses bataillons pour aller renforcer l'Armée de l'Ouest au nord de la Loire 104 . L'armée de Charette traverse Le Boupère le 13 décembre, puis Pouzauges le 14, et dans la nuit du 18 au 19 elle s'empare de Cerizay après un combat contre 200 patriotes104 . Elle traverse ensuite Châtillon , ancien siège du Conseil supérieur de la Vendée , totalement en ruine après la bataille du 11 octobre , puis elle s'arrête à Maulévrier 104 .

Charette semble alors avoir l'ambition de s'imposer comme le général en chef de toute la Vendée, mais le 22 décembre il est rejoint à Maulévrier par le généralissime Henri de La Rochejaquelein 104 ,117 . Ce dernier, accompagné seulement de La Ville-Baugé, a retraversé la Loire le 16 décembre après avoir échappé au désastre de la virée de Galerne 104 . Les deux généraux s'entretiennent longuement, puis se séparent104 ,Note 6 . Charette abandonne toute prétention sur l'Anjou et le Haut-Poitou et regagne Les Herbiers 104 .

Perte de Noirmoutier et refuge dans la forêt de Grasla La mort du général d'Elbée , huile sur toile de Julien Le Blant , 1878. musée du Château , Noirmoutier-en-l'Île .

En décembre 1793, la virée de Galerne s'achève sur un désastre total pour les Vendéens. Après une lourde défaite à la bataille du Mans le 13 décembre, la Grande Armée est détruite dix jours plus tard à la bataille de Savenay . Lors de cette expédition au nord de la Loire , les combats, les massacres et les maladies ont causé la mort de 50 000 à 75 000 Vendéens, hommes, femmes et enfants122 .

Article détaillé : Bataille de Noirmoutier (1794) .

Au sud de la Loire , les républicains achèvent leurs préparatifs pour reprendre l'île de Noirmoutier . Le matin du 3 janvier 1794, 3 000 soldats commandés par le général Haxo débarquent sur l'île123 . Après des combats à Barbâtre et à la pointe de la Fosse, ils progressent vers la ville de Noirmoutier-en-l'Île , sans rencontrer de résistance123 . Découragés, les Vendéens se rendent au général Haxo contre la promesse d'avoir la vie sauve123 . Cependant, la capitulation n'est pas respectée par Prieur de la Marne , représentant en mission et membre du Comité de salut public , qui fait fusiller 1 200 à 1 500 prisonniers dans les jours qui suivent106 ,124 . Le général d'Elbée , toujours grièvement blessé, est exécuté dans un fauteuil123 .

Articles détaillés : Bataille de Machecoul (31 décembre 1793) , Bataille de Machecoul (1794) , Bataille de Saint-Fulgent (1794) et Bataille de Grasla . Carte des combats en Vendée en janvier 1794.

De son côté, Charette prend Machecoul par surprise le 31 décembre 1793 et tue une centaine de soldats républicains125 . Le 2 janvier 1794, l'adjudant-général Carpantier reprend la ville après un bref combat125 . Le 3, les Vendéens contre-attaquent, mais sont rapidement repoussés125 . Charette se jette alors sur Saint-Fulgent le 9 janvier, où il met en déroute des bataillons de la dernière levée126 . Mais le lendemain, l'adjudant-général Joba fait son apparition avec une colonne de 1 200 hommes et disperse complètement les forces de Charette126 . Ce dernier ne peut rassembler qu'un peu plus d'un millier d'hommes dans la forêt de Grasla , où Joba l'attaque le 11 janvier126 . Le combat est plus disputé, mais les Vendéens finissent par battre en retraite et Charette est blessé au bras, près de l'épaule126 . Selon Lucas de La Championnière  : « Il ne parut nullement affecté et peu de gens s'aperçurent de ce qui venait d'arriver » 127 . Les insurgés sont rattrapés à La Chambaudière, au sud de Legé , mais ils s'enfoncent ensuite dans la forêt de Grand'Landes , où Joba n'ose pas les poursuivre126 . Sur la base de renseignements fournis par des prisonniers, ce dernier tend une embuscade le 14 janvier dans la forêt de Touvois , au nord de la forêt de Grand'Landes , et y attend Charette126 . Cependant des grenadiers attaquent trop tôt et la surprise échoue126 . Le général vendéen parvient à s'échapper et à semer ses poursuivants126 . Il trouve refuge dans le couvent du Val de Morière, un lieu isolé au milieu de landes désertes et à l'écart des voies de communications, où vivent encore une demi-douzaine de religieuses126 . Encore accompagné de quelques centaines de ses hommes, il y fait soigner sa blessure et y demeure caché pendant deux jours126 . Le 16 janvier, informé de la présence du général vendéen au Val de Morière, le général Haxo s'y précipite, mais il trouve les lieux pratiquement déserts126 . Sur les conseils de Marie Élisabeth Benigne Voyneau Duplessis de Montsorbier, rencontrée au Val de Morière, Charette est retourné se réfugier dans la forêt de Grasla 126 . Entre le 17 et le 26 janvier, il se soigne et demeure caché à Saligny , dans la forêt de Grasla ou dans d'autres bois environnants126 .

Au début de l'année 1794, l'insurrection vendéenne semble expirante128 . Dans le Pays de Retz , le général Haxo met en déroute le 12 janvier les forces de La Cathelinière qui s'étaient réfugiées dans la forêt de Princé 129 . Blessé, La Cathelinière est capturé en février et exécuté en mars129 . En Anjou , les quelques centaines d'hommes rassemblés par Henri de La Rochejaquelein et Jean-Nicolas Stofflet sont dispersés le 1er janvier aux Cerqueux par les troupes du général Grignon 130 . Le 28 janvier, La Rochejaquelein est tué dans une escarmouche entre Nuaillé et Cholet 131 .

Dans ses mémoires, Lucas de La Championnière estime que « si, dans ce temps-là, les républicains eussent quitté leur système de terreur et qu'au lieu de porter le ravage et la mort dans tous les villages, ils eussent fait entendre des paroles de paix [...] en bien peu de temps la Vendée eût été entièrement pacifiée. Le peu de soldats qui accompagnaient M. Charette ne désiraient que le repos » 132 .

Les colonnes infernales

Répression républicaine Article détaillé : Colonnes infernales . Portrait du général Louis-Marie Turreau (détail), huile sur toile de Louis Hersent , 1800, musée Carnavalet , Paris . Carte des mouvements des colonnes infernales en janvier 1794.

À l'hiver 1793-1794, en pleine période de la « Terreur  » , une violente répression s'abat sur la Vendée. À Nantes , dirigée par le représentant en mission Jean-Baptiste Carrier , environ 8 000 à 11 000 prisonniers, hommes, femmes, et enfants sont fusillés , noyés , guillotinés ou succombent du typhus entre novembre 1793 et février 1794133 . Le 13 décembre 1793, Carrier donne l'ordre au général Haxo « d'enlever toutes les subsistances, les denrées, les fourrages, tout, en un mot, de ce maudit pays : de livrer aux flammes tous les bâtiments, d'en exterminer tous les habitants » 134 .

Le 17 janvier 1794, le général Louis-Marie Turreau , nouveau commandant en chef de l'Armée de l'Ouest , lance une vingtaine de colonnes pour ratisser le territoire insurgé135 . À l'est, onze colonnes prennent position entre Angers et Niort , commandées par les généraux Cordellier , Grignon , Crouzat , Boucret , Duquesnoy , Bonnaire Caffin , Moulin et Duval 136 . À l'ouest, le général Haxo déploie huit autres colonnes à La Roche-sur-Yon , Challans , Legé , Machecoul , Aizenay , Palluau , Bouaye et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu afin de « fermer tout communication à l'ennemi et à le refouler sur le centre » 137 ,135 . Ordre est donné par Turreau à ses subordonnés de passer au fil de la baïonnette « tous les brigands qui seront trouvés les armes à la mains, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie. [...] On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées. [...] Tous les villages, métairies, bois, genêts, et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes » 138 . Seuls les « hommes, femmes et enfants en qui le général reconnaîtra des sentiments civiques, et qui n'auront pas participé aux révoltes des brigands de la Vendée » seront libres « d'aller sur les derrières de l'armée, pour y chercher un asile, ou résider dans les lieux préservés de l'incendie » 138 . Le 24 janvier, Turreau écrit au Comité de salut public  : « si mes intentions sont bien secondées, il n'existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond des forêts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions » 139 .

Combats contre les colonnes de Turreau et Haxo Articles détaillés : Bataille d'Aizenay (1794) et Bataille de Chauché . Carte des combats en Vendée de février à juin 1794.

De son côté, Charette sort de sa retraite avec environ un millier d'hommes, mais il est contraint de passer à la guérilla et de rester toujours en mouvement pour éviter les principales colonnes républicaines140 ,141 . Afin de nourrir sa troupe, il réquisitionne toutes les vivres dans les villages rencontrés sur sa route142 . D'après Lucas de La Championnière « les lois de la justice furent mises de côté, des femmes et des enfants furent souvent laissés sans la moindre nourriture, mais il fallait vivre, et, à moins d'avoir éprouvé le besoin de la faim, on raisonne mal sur de pareilles matières » 142 . Le 26 janvier, Charette s'empare du poste d'Aizenay 137 . Le 2 février, il gagne Chauché , où il rejoint Charles Sapinaud de La Rairie , qui a partiellement reconstitué une « Armée du Centre  » et succédé au général Royrand , mort pendant la virée de Galerne 137 . Charette arrive juste à temps pour repousser une attaque des colonnes de Grignon 137 . Charette et Sapinaud réunissent alors environ 3 000 hommes et traversent Les Essarts , La Ferrière et Rocheservière 137 . Mais leur présence est signalée au général Duquesnoy , qui se lance à leur poursuite en tuant et incendiant tout ce qu'il rencontre sur sa route137 ,143 ,144 ,54 .

Article détaillé : Bataille de Legé (1794) .

Le 6 février, les hommes de Charette et Sapinaud arrivent devant Legé 137 ,60 . Dans ses mémoires, Lucas de La Championnière témoigne que « les républicains cantonnés à Legé avaient massacré tous les habitants d'alentour ; les cadavres des femmes et des enfants, rangés dans tous les villages avec une symétrie barbare dont les sauvages n'eussent pas été capables, semblaient crier vengeance à leurs parents qui leur survivaient » 145 ,137 ,146 ,60 . Les Vendéens taillent en pièce la garnison républicaine, qui laisse environ 300 morts sur le terrain137 . La ville est aussitôt abandonnée et reprise trois jours plus tard par Duquesnoy, qui écrit à Turreau que le poste n'est plus tenable à cause des cadavres qui « empoisonnent l'air » 137 . D'après Lucas de La Championnière, « les cadavres d'hommes et d'animaux et les charognes de toute espèce faisaient de Legé un endroit infect » 145 ,147 .

Article détaillé : Bataille de Saint-Colombin (1794) . Massacres en Vendée , gravure de Pierre Nicolas Ransonnette , entre 1793 et 1810.

Les Vendéens se dirigent ensuite vers La Benate, près de Corcoué-sur-Logne , mais ils sont surpris sur leurs arrières par un détachement de hussards qui s'empare des voitures transportant les farines, les pains et les blessés137 . Le 9 février, Charette et Sapinaud atteignent Saint-Philbert-de-Grand-Lieu 137 . Le lendemain, ils sont rattrapés par la colonne de Duquesnoy à Saint-Colombin 137 ,54 . La bataille s'engage près du Pont-James et se poursuit pendant deux heures137 . Les Vendéens ont d'abord l'avantage, mais les républicains finissent par enfoncer leurs défenses137 . Les Vendéens s'échappent en profitant de la tombée de la nuit et se replient sur Saligny 137 . Duquesnoy arrête là sa poursuite, car il reçoit l'ordre de Turreau de se porter à Doué . Le 16 février, celui-ci avertit son général en chef : « Tout ce qui reste aujourd'hui dans le sein de la Vendée est levé contre la République. Cette population n'ayant d'autre perspective que la famine et la mort, se défendra encore longtemps dans le pays qu'elle occupe, en évitant continuellement les fortes armées, ce à quoi elle réussira toujours dans un pays fourré et qu'elle connaît parfaitement » 148 ,147 . De même en février, l'adjudant-général Prévignaud écrit qu'il constate avec « douleur que les colonnes de Grignon massacraient tout indistinctement pères, mères, enfants… Cette conduite a grossi l'armée de Charette. Les patriotes ont été forcés de se mêler aux brigands » 137 ,149 .

Charette et Sapinaud se séparent à Saligny après un différend portant sur la distribution des poudres137 . Ils reçoivent cependant Bertrand Poirier de Beauvais , porteur d'un message de Jean-Nicolas Stofflet , désormais à la tête de l'Armée d'Anjou , qui leur propose de joindre leurs forces137 . Ils acceptent le principe d'une rencontre, mais sans pouvoir encore fixer un lieu ou une date137 .

Le 15 février par le général Dutruy chasse Charette de Rocheservière et écrit que celui-ci n'a pas « quatre mille âmes à sa suite, comptant femmes, enfans, vieillards. Car tout s'en mêle et je tue tout » 137 . Quelques jours plus tard, le général vendéen fuit les colonnes de Turreau, Haxo, Duquesnoy et Cordellier dans la région de Vieillevigne 137 . Le 24 février, Charette fait mine d'accepter le combat à Geneston face à Turreau, ce qui lui laisse le temps d'évacuer les voitures chargées de malades et de blessés, puis de s'enfuir à son tour137 . Charette file alors en direction de Cholet , puis oblique vers Les Lucs-sur-Boulogne 137 .

Articles détaillés : Bataille de la Vivantière et Massacre des Lucs-sur-Boulogne . La mort de Haxo , gravure de 1884.

Le 28 février, les 3 000 hommes de la colonne de Cordellier marchent contre les troupes de Charette aux Lucs-sur-Boulogne137 ,150 . Cependant l'attaque est menée dans un désordre complet : les soldats républicains se dispersent en petits groupes et commencent à incendier les fermes sur leur passage et à fusiller les habitants qu'ils rencontrent150 . L'opération militaire dégénère en massacre général137 ,150 . Charette rassemble ses 1 200 combattants et provoque une débandade des troupes républicaines qui laissent une centaine de morts137 ,150 . Les bleus s'enfuient sur Legé , mais Charette abandonne aussitôt Les Lucs et file vers Le Poiré-sur-Vie , au sud137 ,150 . Les troupes de Cordellier réinvestissent le bourg le lendemain et commettent de nouveaux massacres137 ,150 . Au total, environ 500 à 590 hommes , femmes et enfants sont tués aux Lucs-sur-Boulogne151 .

Articles détaillés : Bataille de La Roche-sur-Yon (1794) et Bataille des Clouzeaux .

Le 1er mars, Charette attaque La Roche-sur-Yon , sans succès137 . De son côté, le général Haxo sort le 28 février de Machecoul avec 2 000 hommes137 . Pendant plusieurs jours, il traque pas à pas la petite armée de Charette qui est contrainte de rester constamment en mouvement entre Saint-Philbert-de-Bouaine et La Roche-sur-Yon pour éviter le combat137 . Le 20 mars, Haxo rattrape finalement Charette aux Clouzeaux , près de La Roche-sur-Yon137 . Cependant, bien que la troupe vendéenne soit réduite à 700 ou 800 hommes , l'attaque échoue : les cavaliers républicains prennent la fuite et entraînent avec eux deux bataillons d'infanterie137 ,152 ,153 . Abandonné par ses hommes, Haxo se retrouve seul, entouré de cavaliers vendéens137 . Selon les sources républicaines, il se suicide pour ne pas être capturé137 . Lucas de La Championnière donne une version différente : selon lui, Haxo refuse de se rendre et blesse deux de ses adversaires au corps-à-corps, avant d'être finalement abattu par un tir de fusil137 ,152 .

Résurgence des armées vendéennes Articles détaillés : Bataille de Challans (7 avril 1794) et Bataille de Moutiers-les-Mauxfaits (19 avril 1794) . Portait de Gaspard de Bernard de Marigny , huile sur toile anonyme, XVIII e siècle.

Cette victoire inespérée permet à Charette de reconstituer ses forces154 . Selon Lucas de La Championnière , il envoie alors des cavaliers « dans toutes les paroisses avec ordre de menacer de mort quiconque ne rejoindrait pas et de tuer de suite celui qui paraitrait le plus mutin pour servir d'exemple aux autres » 154 ,155 ,147 . Le 7 avril, il attaque Challans , mais la garnison commandée par Dutruy le repousse154 . Il descend ensuite vers le sud de la Vendée et prend d'assaut le bourg de Moutiers-les-Mauxfaits le 9 avril : 80 soldats du cantonnement et 92 patriotes locaux sont tués lors de ce raid154 ,156 . Charette remonte ensuite sur Touvois et Vieillevigne sans être inquiété154 . Fin avril, il est légèrement blessé à la cuisse à Saint-André-Treize-Voies 154 .

Article détaillé : Bataille de Chaudron-en-Mauges .

Du 20 au 22 avril, les quatre armées vendéennes se réunissent au château de la Boulaye, dans la paroisse de Treize-Vents 154 . Quatre généraux se partagent alors le territoire de la Vendée154 . Charette commande l'Armée du Bas-Poitou et du Pays de Retz , Stofflet l'Armée d'Anjou , Sapinaud l'Armée du Centre et Marigny l'Armée du Haut-Poitou154 . Les quatre officiers prêtent serment de s'assister mutuellement sous peine de mort154 ,157 . Le 24 avril, les armées vendéennes attaquent ensemble une colonne républicaine à Chaudron-en-Mauges , près de Beaupréau , mais le combat est indécis et les royalistes se replient sur Jallais 154 . L'union est rapidement brisée : Marigny se brouille avec les autres généraux qui auraient remis en question son commandement et se retire avec son armée154 . Il est accusé de trahison et un conseil de guerre est réuni le 26 avril154 ,157 . Les officiers votent dans un chapeau : la peine de mort l'emporte à dix-huit voix contre deux154 . Protégé par ses hommes, Marigny ne s'inquiète pas de la sentence154 . Cependant le 10 juillet, des soldats allemands de Stofflet le surprennent, malade, dans le château de La Girardière, près de Combrand 154 . D'après Poirier de Beauvais , avant d'être fusillé Marigny s'adresse avec mépris à ses bourreaux en leur déclarant qu'ils agissaient « pour satisfaire l'ambition d'un brutal valet de chiens, celle d'un imbécile, et celle d'un homme à toilette qui n'est qu'un fourbe sans talent » 154 ,158 .

Carte des chefs de division de l'armée du Bas-Poitou et du Pays de Retz.

Vers mai et juin, Charette établit son nouveau quartier-général dans le village de La Bésilière, près de Legé et organise son armée en onze divisions159 ,160 . Jean-Baptiste de Couëtus est nommé général en second, Hyacinthe Hervouët de La Robrie major-général et Davy-Desnaurois major en second159 . L'abbé Pierre-François Remaud est fait commissaire général de l'armée, afin d'administrer le territoire insurgé et de recenser les subsistances161 ,162 . François Prudent Hervouët de La Robrie commande la cavalerie159 . La division du Pays de Retz va à Louis Guérin , la division de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu à Couëtus, la division de Machecoul à Victor Erriau, la division de Legé à Louis Lecouvreur, la division de Vieillevigne à du Lac, la division de Chantonnay à Charles Caillaud, la division de Montaigu à Pierre Rezeau , la division de Palluau à Jean Savin , la division de Bouin à François Pajot , la division de Challans à Guerry du Cloudy et la division des Sables-d'Olonne à Jean-Baptiste Joly 159 .

À partir d'avril 1794, les colonnes infernales baissent en activité à mesure que des troupes sont retirées à Turreau pour être renvoyées aux frontières157 . En juin, les effectifs de l'Armée de l'Ouest ne sont plus que de 50 000 hommes, contre 100 000 en janvier163 . Les républicains doivent alors se limiter à une stratégie défensive : ils mettent fin aux colonnes mobiles et installent des camps retranchés pour protéger la rentrée des récoltes157 ,159 . Les Vendéens ne contrôlent plus de villes, mais restent maîtres des campagnes164 . Le 13 mai, Turreau est rappelé par le Comité de salut public 157 . En cinq mois, les colonnes infernales ont causé la mort de 20 000 à 50 000 civils165 ,166 . Loin de mettre fin à la révolte, les incendies et les massacres n'ont fait que pousser les paysans dans les bras des généraux vendéens167 ,164 ,168 ,25 .

Articles détaillés : Bataille de Mormaison et Bataille de Challans (6 juin 1794) . Céleste Bulkeley au combat, lithographie de Charles Motte , XIX e siècle.

Les Vendéens reprennent l'initiative. Le 1er juin, Charette s'empare d'un convoi républicain à Mormaison et 243 hommes de l'escorte sont tués159 . Le lendemain, les armées de Stofflet et Sapinaud se réunissent à celle de Charette à La Bésilière159 . Le même jour, les Vendéens reçoivent un émissaire breton, Vincent de Tinténiac , porteur de dépêches du comte d'Artois , du roi de Grande-Bretagne George III et du Home Secretary Henry Dundas 159 . Les officiers royalistes discutent alors des moyens à mettre en œuvre pour que les Britanniques et les émigrés puissent venir les soutenir et proposent la baie de L'Aiguillon-sur-Mer comme lieu de débarquement159 . Le 6 juin, les Vendéens, forts de près de 10 000 hommes, attaquent la ville de Challans , défendue seulement par les 900 hommes du général Boussard 159 . Cependant, l'assaut échoue complètement : Charette attaque le premier, mais ses hommes cèdent à la panique à cause d'une charge de cavalerie159 . Stofflet parvient à couvrir la retraite, qui s'effectue en bon ordre159 . Cet échec ranime quelques récriminations entre les différents chefs vendéens qui se séparent à La Bésilière159 . Charette aurait également accusé Joly d'avoir causé la défaite159 ,169 . Ce dernier se sépare de l'armée et trouve la mort quelques jours plus tard dans des circonstances mal établies159 . D'après certaines versions, il aurait été assassiné sur ordre de Charette en raison de son caractère trop indépendant159 . Charette donne le commandement de la division des Sables à Delaunay , qui devient, d'après Lucas de La Championnière , « de plus en plus son homme de confiance » 159 ,170 .

Article détaillé : Bataille de La Chambaudière . Carte des combats en Vendée, de juillet à décembre 1794.

Dans le courant du mois de juin, Charette abandonne La Bésilière pour établir son quartier-général dans le bourg de Belleville-sur-Vie , au nord de La Roche-sur-Yon 159 . Le 16 juillet, le général Huché tente une expédition contre les Vendéens et fait mettre en marche quatre colonnes depuis Machecoul , Montaigu et Challans 159 ,171 ,54 . Le lendemain, les républicains s'emparent de Legé et repoussent une contre-attaque de Charette à La Chambodière159 ,60 . Le village de La Bésilière est incendié et 50 à 60 hommes et femmes qui y sont trouvés sont tués172 ,60 . Charette se replie sur Belleville et Huché se lance à sa poursuite, mais les républicains sont ralentis par les massacres et les incendies qu'ils commettent en chemin et ne vont pas au-delà du bourg de Palluau 159 . Selon le témoignage du guide de la colonne de Huché, plus de 500 personnes sont tuées « dans les champs et leurs maisons » 159 ,171 . Cette offensive républicaine est cependant la seule de l'été et Huché est destitué le 4 août54 .

Le 27 juillet, la journée du 9 Thermidor marque symboliquement la fin de la Terreur , mais ne provoque pas de bouleversements immédiats en Vendée173 . Pour Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière  : « Qu'on ne croie pas que la chute de Robespierre fût pour nous un évènement important. Son existence nous était à peu près inconnue » 174 .

Articles détaillés : Bataille de La Roullière , Bataille de Fréligné et Bataille de Moutiers-les-Mauxfaits (24 septembre 1794) . Mort du lieutenant-colonel Albert Mermet et de son fils Jean-Baptiste, 15 septembre 1794 (29 Fructidor An 2) , estampe de Louis Lafitte , 1807, Musée Carnavalet , Paris .

Au cours du mois de septembre, Charette prend d'assaut plusieurs camps retranchés173 . Le 8, environ 300 soldats républicains trouvent la mort dans l'attaque du camp de La Roullière, au sud de Nantes 173 ,175 . Le 15, près de Touvois , le camp de Fréligné est détruit et 150 à 500 républicains y sont tués173 . Le 24, le camp de Moutiers-les-Mauxfaits est pris à son tour173 . Après ces combats, Charette destitue pour incompétence Saignard de Saint-Pal de sa division du Tablier et le remplace par Le Moëlle173 . Il confirme également Couëtus comme général en second, mais lui retire le commandement de sa division de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu , qu'il remet à Hyacinthe de La Robrie 173 .

Article détaillé : Bataille de La Grève .

À partir de l'automne, Charette reprend à Belleville une vie d'oisiveté et de distractions, semblable à celle qu'il avait connue à Legé au printemps 1793173 . Lucas de La Championnière rapporte alors : « Notre existence cessait d'être malheureuse, les officiers du centre et les nôtres se faisaient de fréquentes visites et l'on se donnait souvent des rendez-vous chez les dames les plus aimables du pays. Leur fréquentation avait un peu adouci les habitudes grossières que nous avions contractées dans nos désastres. M. Charette donnait aussi parfois des dîners et des fêtes aux dames des environs » 176 . Charette entretient alors une liaison avec Élisabeth de Montsorbier, rencontrée au Val de Morière en janvier173 . Quelques amazones se font également remarquer à la « cour » de Belleville, notamment Goin du Fief, Suzanne Poictevin de La Rochette et surtout Céleste Bulkeley 173 . Les républicains restent sur la défensive dans les derniers mois de l'année 1794 et les combats se limitent à quelques maigres escarmouches173 . Les 13 et 14 décembre, Charette aurait pris part à l'attaque de La Grève , au nord des Sables-d'Olonne 173 .

Négociations avec les républicains

Le traité de la Jaunaye Article détaillé : Traité de La Jaunaye . The Pacification of the Vendee , estampe imprimée à Londres en 1804.

À Paris , la Convention thermidorienne rompt totalement avec la politique de la Convention nationale pendant la Terreur et décide de passer à une politique de clémence177 . Le 1er décembre 1794, plusieurs députés du Maine-et-Loire , des Deux-Sèvres et de la Vendée présentent un exposé dans lequel ils dénoncent les massacres des populations civiles et préconisent une amnistie préalable des insurgés et de leurs chefs178 ,41 . Ces recommandations sont suivies par le Comité de salut public et le 2 décembre la Convention nationale adopte un décret promettant l'amnistie des insurgés vendéens et chouans qui auront déposé les armes d'ici un mois178 ,41 ,179 . Les représentants en mission Menuau , Delaunay , Lofficial , Morisson , Gaudin , Chaillon , Auger , Dornier , Guyardin , Ruelle , Bézard , Guezno et Guermeur sont chargés de former une commission permanente pour faire appliquer ces nouvelles mesures41 . Les discussions ne se font cependant pas sans de violentes altercations : ainsi Auger, Bézard et Guyardin sont marginalisés après s'être opposés à l'amnistie178 . Dans les six premières semaines de l'année 1795, les derniers prisonniers vendéens sont libérés178 .

Le 23 décembre 1794, deux ou trois émissaires des représentants en mission, Bureau de La Batardière, Bertrand-Geslin , et peut-être François-Pierre Blin , rencontrent Charette à Belleville 41 ,178 ,Note 7 . Charette et Sapinaud se montrent ouverts aux propositions de paix et envoient à leur tour deux émissaires, de Bruc et Béjarry , qui rencontrent les représentants en mission à Nantes entre le 28 et le 30 décembre180 ,41 . Le 11 janvier 1795, un accord est trouvé pour engager des pourparlers officiels180 .

Le 12 février, Charette, Sapinaud et plusieurs de leurs officiers rencontrent les représentants en mission au manoir de La Jaunaye, à Saint-Sébastien , près de Nantes 181 . Poirier de Beauvais , délégué par Stofflet , et Cormatin , le major-général de Puisaye , chef des chouans de Bretagne , sont également présents181 . Après plusieurs jours de discussions, un accord de paix est conclu le 17 février180 ,182 . En contrepartie de la reconnaissance de la République et de la remise de leur artillerie, les insurgés obtiennent l'amnistie, la liberté de culte, une exemption d'impôts et de conscription pour une durée de dix ans, la reconnaissance de leurs propriétés, l'organisation d'un corps de 2 000 gardes territoriaux vendéens, le remboursement des bons émis durant la rébellion et dix-huit millions d'indemnités pour la reconstruction de la Vendée181 ,180 ,182 ,183 . Les textes ne sont cependant pas signés par les deux parties, mais seulement par les représentants républicains184 .

Entrée de Charette et Sapinaud à Nantes, gravure de D. Lacroix, XIX e siècle.

Rapidement, la discorde apparaît dans les rangs royalistes. Poirier de Beauvais reproche à Charette de n'avoir rien obtenu pour la libération du roi Louis XVII 181 . Charette n'est également pas suivi par certains de ses officiers, notamment Savin , Erriau et Le Moëlle, qui se révèlent hostiles à la paix181 . Delaunay se montre particulièrement virulent : il accuse Charette d'être un « traître » et menace de « lui casser la tête d'un coup de pistolet » 181 . Ce dernier s'empresse alors de retourner à Belleville pour mettre de l'ordre dans ses troupes181 . Savin et Le Moëlle rentrent dans le rang, mais Delaunay se réfugie chez Stofflet185 .

Stofflet fait quant à lui son apparition à La Jaunaye le 18 février185 . Les représentants lui offrent les mêmes conditions de paix qu'à Charette et Sapinaud, mais il refuse catégoriquement de reconnaître la République185 . Le 22 février, il rompt les négociations et regagne l'Anjou 185 . Cependant son armée est également l'objet de dissensions et plusieurs de ses officiers signent la paix185 .

Le 26 février, Charette et Sapinaud font une entrée solennelle dans Nantes par le pont de Pirmil et participent à un défilé réconciliateur aux côtés du général Canclaux et des représentants républicains185 ,186 . Le cortège est accueilli sous les acclamations de la foule et des salves d'artillerie sont tirées sur les bords de la Loire185 . Les officiers et les représentants se réunissent ensuite pour un dîner et assistent à un spectacle de gala au théâtre Graslin 185 . Le lendemain, Charette et ses officiers sont accueillis par la Société populaire de Nantes 185 ,184 . D'après le représentant Lofficial , le général vendéen « exprima en peu de mots sa sensibilité et dit qu'il ne manifestait d'autre désir que de sacrifier ses jours pour la République » 185 . Les officiers vendéens remercient la Société populaire par une adresse où ils évoquent « les vues sages et bienfaisantes de la Convention nationale » 185 . Charette cependant ne s'attarde pas à Nantes et rentre à Belleville le 28 février185 . Le 14 mars, les accords de La Jaunaye sont ratifiés par la Convention nationale 186 .

Division du camp royaliste Jean-Nicolas Stofflet , huile sur toile de Thomas Drake, XIX e siècle.

Le traité de La Jaunaye provoque une fracture dans le camp royaliste182 . Le 4 mars, Stofflet et l'abbé Bernier publient une adresse contre les « ci-devant chefs de la Vendée devenus républicains » 186 ,185 . Le lendemain, Stofflet fait arrêter Prudhomme, le chef de la division du Loroux , qui est condamné à mort et exécuté à coups de sabre pour avoir signé le traité185 ,187 . Le 6 mars, les Angevins pillent le quartier-général de Sapinaud à Beaurepaire , emportant ses deux canons, 60 chevaux et la caisse militaire185 ,186 . Sapinaud manque lui-même d'être capturé et doit s'enfuir à cheval185 . Stofflet envisage alors d'entrer en force dans le territoire de l'armée du Centre et de l'armée du Bas-Poitou afin de remplacer Sapinaud par Delaunay et Charette par Savin 188 . Charette mobilise ses forces mais n'ose marcher contre Stofflet185 ,Note 8 .

L'intervention des républicains empêche peut-être les armées vendéennes de s'entre-déchirer. À la mi-mars, Canclaux passe à l'offensive contre Stofflet avec 28 000 hommes189 . En face, l'armée d'Anjou ne peut rassembler que 3 000 combattants189 . Elle subit une défaite le 18 mars à bataille de Chalonnes , suivie d'une autre le 22 à la bataille de Saint-Florent-le-Vieil 190 . Le 26 mars, Stofflet signe un cessez-le-feu à Cerizay 191 . Le 6 avril, il rencontre Canclaux et neuf représentants en mission près de Mortagne-sur-Sèvre 191 . Stofflet tergiverse pendant quelques semaines et attend les résultats des négociations de la Mabilais menées avec les chouans 188 . Finalement, il signe la paix à Saint-Florent-le-Vieil le 2 mai, aux mêmes conditions qu'à La Jaunaye 188 ,190 ,182 .

Le 20 mai, Charette, Stofflet et Sapinaud se réunissent au quartier-général de l'armée du Centre pour marquer leur réconciliation192 . Delaunay retourne à Belleville, en espérant obtenir la clémence de Charette, mais ce dernier le fait mettre à mort192 ,169 .

La deuxième guerre de Vendée

Reprise de la guerre par Charette Portrait de Louis Stanislas Xavier de Bourbon, comte de Provence , école allemande, vers 1790.

La pacification ne s'avère être qu'éphémère. Entre février et juin 1795, des assassinats et différents incidents enveniment les relations entre Vendéens et républicains193 ,Note 9 . Le 26 mai, le général Canclaux vient rencontrer Charette à Belleville avec un détachement188 . L'entretien se déroule sans incident, mais une centaine de traînards de la colonne républicaine sont assaillis et tués pendant le trajet188 ,195 . Les traités de La Jaunaye et de Saint-Florent sont également dénoncés par un certain nombre de républicains qui estiment que de trop larges concessions ont été accordées aux royalistes196 . Malgré une nouvelle réunion de conciliation à La Jaunaye le 8 juin, la méfiance l'emporte et les deux camps se préparent à une reprise des combats196 . Convaincus que les généraux vendéens ne cherchent qu'à gagner du temps, les représentants en mission envisagent de lancer une vaste opération pour les faire arrêter, mais ils doivent renoncer par manque de troupes196 . Seul Henri Allard, le nouveau chef de la division des Sables-d'Olonne , est arrêté le 20 juin par les républicains196 . Charette donne alors le commandement de cette division à son frère, Louis Marin 196 .

À partir de l'année 1795 , Charette commence également à entrer en relation avec les émigrés 192 . En janvier, il est contacté par le comte d'Hector 192 . En avril, il reçoit un premier messager, Louis de Frotté , chargé de transmettre aux Britanniques ses demandes en armes et matériels192 . En mai, le marquis de Rivière , aide de camp du comte d'Artois , frère cadet de Louis XVI , arrive à Belleville 192 . Il informe Charette de l'imminence d'un débarquement royaliste en Bretagne avec l'aide de l'Angleterre et lui demande de faire diversion pour faciliter cette opération192 . Début juin, Charette est cette fois contacté par le comte de Provence, futur Louis XVIII , qui le qualifie de « second fondateur de la monarchie » et lui fait part de son souhait de venir se joindre à lui192 ,197 ,25 . Charette lui répond le 10 juin que cette lettre a « transporté son âme » 192 .

Le 24 juin, Charette rassemble ses divisions à Belleville et annonce à ses troupes la rupture du traité de La Jaunaye et la reprise de la guerre198 . Cette décision est prise par Charette sans avoir consulté ni ses officiers, ni les généraux des autres armées vendéennes198 . Dans ses mémoires, Lucas de La Championnière rapporte que la reprise des hostilités est accueillie avec réserve par les Vendéens : « Sous l'influence des plaisirs que nous avions retrouvés à la ville, des jouissances dont nous étions privés depuis si longtemps, de toutes les douceurs de la paix, de nos liaisons avec plusieurs républicains qui nous firent perdre l'opinion que tous étaient des bêtes féroces, [...] nos cœurs s'étaient amollis. Notre misère passée ne nous paraissait plus supportable, nous commencions à voir que nos faibles moyens seraient bientôt épuisés par les efforts de la République, puisqu'il était vrai qu'elle avait vaincu toutes les nations coalisées, ce que nous n'avions jamais voulu croire » 199 .

Articles détaillés : Bataille des Essarts et Bataille de Beaulieu-sous-la-Roche (1795) .

Sans aucune déclaration de guerre, les Vendéens passent à l'attaque198 . Le 25 juin, le camp des Essarts est pris par surprise198 . Le 27, un convoi tombe dans une embuscade près de Beaulieu-sous-la-Roche 198 . Les Vendéens regagnent ensuite Belleville avec 100 à 300 prisonniers198 . Le 26 juin, Charette fait publier un manifeste annonçant la reprise des hostilités et dans lequel il prétend que des « articles secrets » du traité de La Jaunaye prévoyaient la libération de Louis XVII et le rétablissement de la monarchie198 ,Note 10 . La mort, le 8 juin, de l'« enfant-roi » est également connue et Charette accuse les républicains de l'avoir empoisonné198 ,204 .

Article détaillé : Expédition de Quiberon . Carte de la deuxième guerre de Vendée (juin 1795-juillet 1796).

Le 25 juin, une flotte britannique commandée par l'amiral Warren arrive en vue de la baie de Quiberon en Bretagne 198 ,205 . Deux jours plus tard, elle fait débarquer à Carnac une armée de 3 600 émigrés qui est accueillie par 15 000 chouans commandés par Joseph de Puisaye , Vincent de Tinténiac et Georges Cadoudal 206 ,207 ,208 . Le 3 juillet, le fort de Penthièvre capitule et toute la presqu'île de Quiberon tombe aux mains des royalistes205 .

Le 23 juillet, Charette reçoit un émissaire du comte d'Artois et de William Grenville 209 . Il se déclare capable de réunir 50 000 hommes, et même de grossir l'armée à 200 000Note 11 , mais il réclame de la poudre, des armes et « surtout un Prince avec 2 000 hommes de troupes françaises » 209 . Peu après, Charette reçoit de Vérone une lettre de Louis XVIII qui le reconnaît comme généralissime de l'Armée catholique et royale et lui confère le grade de lieutenant général 209 ,210 ,211 . Charette ordonne aussitôt la réunion de tous les chefs de division et chefs de canton pour lire la proclamation du roi Louis XVIII et prêter serment209 . Il recommande par écrit à ses subordonnés la discipline la plus stricte : « Tous les soldats enrôlés et tous les jeunes gens de la première réquisition » doivent se rassembler sans délai, « tout soldat qui quittera les drapeaux sera regardé comme parjure. La première fois il sera puni, la seconde, il sera fusillé » 209 . Il avertit également les patriotes que « chaque tête de prisonnier chouan ou vendéen serait vengée par deux têtes de prisonniers républicains » 209 . Il promet la venue du comte d'Artois et du duc de Bourbon-Condé avec « des forces considérables » et écrit en conclusion : « La Religion, le Roi ou la mort : voilà notre devise, nous lui serons fidèles » 209 ,197 .

Cependant Stofflet et Sapinaud ne rompent pas le traité212 ,213 . En juillet, ils envoient à Paris deux émissaires, Béjarry et Scépeaux , qui sont reçus par la Convention nationale , mais la reprise d'armes de l'armée du Bas-Poitou fait échouer les négociations212 ,214 . Les émissaires adressent un courrier à Charette pour lui demander de se désavouer, mais ce dernier refuse avec véhémence209 .

Articles détaillés : Bataille de Quiberon (1795) et Massacre de Belleville .

Pendant ce temps, en Bretagne, l'expédition de Quiberon tourne au désastre198 . Dès le 7 juillet, le général Lazare Hoche , commandant de l'Armée des côtes de Brest , boucle la presqu'île avec 13 000 hommes205 . Le 21 juillet, les républicains lancent l'assaut sur Quiberon et enfoncent en quelques heures toutes les défenses des chouans et des émigrés205 . Les royalistes capitulent et 748 d'entre eux sont condamnés à mort et fusillés dans les jours qui suivent205 ,215 . La nouvelle arrive à Belleville le 9 août216 . Furieux, Charette fait exécuter en représailles les 100 à 300 prisonniers républicains détenus dans ses prisons216 ,208 .

Expédition du comte d'Artois Article détaillé : Bataille de Saint-Jean-de-Monts . Portrait de Charles Philippe de France, comte d'Artois , huile sur toile de Henri-Pierre Danloux , vers 1796, musée de l'Histoire de France , château de Versailles .

À la suite de l'échec de l'expédition en Bretagne, les émigrés et les Britanniques se tournent vers la Vendée. Début août, une partie de l'escadre anglaise encore stationnée devant Quiberon fait voile en direction des côtes vendéennes216 . Prévenu par le marquis de Rivière , qui lui remet au passage son brevet de lieutenant général et le cordon de Saint-Louis , Charette envoie plusieurs milliers d'hommes sur la plage du Pège, entre Saint-Jean-de-Monts et Saint-Gilles-Croix-de-Vie 216 . Les Vendéens parviennent à tenir à distance les garnisons républicaines locales et du 10 au 12 août, les Britanniques débarquent de la poudre, 1 200 fusils, 3 000 sabres, 300 paires de pistolets, 700 gargousses , 250 uniformes et deux pièces d'artillerie216 ,217 ,213 . Pendant l'opération, Charette monte à bord d'une frégate anglaise et reçoit 50 000 livres en or216 .

Quelques nobles émigrés viennent également rallier Charette, mais les relations deviennent particulièrement détestables entre ces derniers et les insurgés vendéens218 . D'après Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière , « ces Messieurs [...] se montrèrent pour la plupart fiers et dédaigneux, [...] firent bande à part et, par un orgueil aussi déplacé, ils firent fructifier les leçons des républicains qui prêchaient par toutes sortes de voies la haine et le mépris de la Noblesse. [...] On en était venu à se détester comme si on n'avait pas été du même parti » 218 .

Article détaillé : Expédition de l'île d'Yeu .

Le 22 août, une flotte de 123 navires sous les ordres du commodore Warren sort de Portsmouth avec à son bord 5 000 soldats britanniques commandés par le général Doyle et 800 émigrés emmenés par le comte d'Artois 219 ,220 ,221 . Après une halte aux îles d'Houat et de Hœdic 222 , elle arrive le 23 septembre en vue de l'île de Noirmoutier , où elle songe à débarquer223 . Charette est informé de l'expédition, mais il fait savoir que Challans , Bouin , Beauvoir-sur-Mer et Machecoul sont tenus par les républicains et qu'il ne peut lancer un assaut sur l'île depuis les terres222 ,221 . Le 29 septembre, après quelques échanges d'artillerie avec la garnison de Noirmoutier, la flotte britannique renonce et se porte sur l'Île d'Yeu , plus faiblement défendue et plus éloignée des côtes, qui capitule le 30 septembre220 ,224 ,221 . L'île est aussitôt occupée par près de 6 000 soldats et le comte d'Artois y débarque le 2 octobre224 ,225 .

Article détaillé : Bataille de Saint-Cyr-en-Talmondais .

Charette, à la tête de près de 10 000 hommes, tente alors de s'approcher du littoral en attaquant Saint-Cyr-en-Talmondais le 25 septembre226 ,224 ,221 . Cependant 200 soldats retranchés dans l'église et quelques renforts venus de Luçon suffisent à le repousser en lui infligeant de lourdes pertes226 ,224 . Le chef de division Louis Guérin , ami proche de Charette et l'un de ses meilleurs officiers, figure parmi les morts226 ,224 ,221 . D'après Lucas de La Championnière , sa perte est vivement regrettée : « Pour le courage, et je puis dire pour le talent, il était alors le premier de l'armée. [...] Si ses dispositions naturelles eussent été secondé par l'éducation, il eût été le Général en chef. [...] M. Charette tout le temps du convoi funèbre fut renfermé seul dans une chambre. Le soir, lorsqu'il fut temps de partir, il en sortit, les yeux extrêmement rouges et l'air vraiment affligé ; c'est le seul officier que je l'aie vu pleurer dans ces derniers temps de la guerre de la Vendée » 227 .

De son côté, le général républicain Grouchy sort le 29 septembre de Sainte-Hermine avec 4 000 hommes et entre le lendemain dans Belleville sans rencontrer de résistance226 .

Le 3 octobre, la flotte britannique fait une nouvelle tentative sur Noirmoutier , mais sans plus de succès228 . La garnison de l'île a entretemps été renforcée, passant de 1 000 à plus de 6 000 hommes, et les Anglais commencent à manquer d'eau228 . Le 8 octobre, l'expédition est abandonnée et le gros de la flotte reprend la route de la Grande-Bretagne , ne laissant derrière elle que 13 navires à L'Île-d'Yeu 228 . Le 16 octobre, les Anglais font un petit débarquement à Saint-Jean-de-Monts pour prendre contact avec Charette, mais le comte d'Artois renonce à venir le joindre229 ,230 . Ce dernier quitte l'Île d'Yeu le 18 novembre pour regagner la Grande-Bretagne229 ,225 ,221 . Le 17 décembre, les dernières troupes anglaises et émigrées évacuent l'île231 . Le projet de débarquement du comte d'Artois en Vendée se solde ainisi par un échec complet qui affecte lourdement le moral des combattants vendéens228 .

Effondrement des armées vendéennes et victoire des républicains Portrait de Lazare Hoche , huile sur toile de Jean-Louis Laneuville , vers 1801, musée de la Révolution française , Vizille .

Le 29 août 1795, le Comité de salut public nomme Lazare Hoche à la tête de l'Armée de l'Ouest , en remplacement du général Canclaux , qui a cédé son commandement pour cause de maladie232 . Auréolé par sa victoire à Quiberon , Hoche reçoit le 14 septembre les pleins pouvoirs du Comité de salut public, qui interdit toute intervention des représentants en mission présents sur place224 ,233 ,234 . Le 26 décembre, le Directoire lui donne le commandement de l'Armée de l'Ouest , de l'Armée des côtes de Brest et de l'Armée des côtes de Cherbourg qui fusionnent pour former l'Armée des côtes de l'Océan 235 ,231 . La signature du Traité de Bâle avec l'Espagne lui permet également de recevoir des renforts de l'Armée des Pyrénées 232 ,234 . Le 28 décembre, le Directoire proclame l'état de siège dans toutes les grandes communes des départements insurgés231 .

Hoche adopte une politique pragmatique234 ,236 . Il dissocie les chefs insurgés, qui doivent être capturés, des simples combattants et des paysans qui restent libres s'ils remettent leurs armes et se soumettent237 . Si des communautés résistent, leurs cheptels sont confisqués et ne sont restitués qu'en échange de la remise des armes237 . Il s'emploie à rétablir la discipline et à réprimer les pillages233 ,234 , il empêche parfois le retour des réfugiés patriotes dans les zones pacifiées et se concilie les prêtres réfractaires qui ne sont plus poursuivis et qui peuvent célébrer librement le culte237 . En quelques mois, cette politique porte ses fruits238 . Épuisés par un conflit dévastateur, les habitants de la Vendée, tout comme les combattants et les officiers insurgés, inclinent désormais très majoritairement à la paix239 ,240 . À partir d'octobre, des cantons entiers remettent leurs armes et font leur soumission à la République241 ,229 .

Le 4 août, le clergé réfractaire vendéen tient un synode au Poiré à l'initiative du vicaire général Jean Brumauld de Beauregard , envoyé par Marie-Charles-Isidore de Mercy , évêque de Luçon 242 ,217 ,243 . Les décisions arrêtées marquent une volonté d'apaisement et une recherche de composition avec la République242 ,217 ,243 . Le clergé réfractaire vendéen commence alors à se démarquer de l'insurrection et à œuvrer en faveur de la pacification239 ,217 ,243 ,238 .

Scène de pacification de la Vendée en 1795 , huile sur toile de Charles-Alexandre Coëssin de la Fosse , 1882, musée Massey , Tarbes .

Après avoir protégé les côtes des Britanniques, Hoche met ses troupes en mouvement contre Charette244 ,234 . Les républicains occupent Saint-Philbert-de-Grand-Lieu le 10 octobre, puis Le Loroux-Bottereau et Clisson le 11228 , Les Herbiers le 24, puis Pouzauges et Chantonnay le 27241 . Hoche prévoit initialement de former trois colonnes de 6 000 hommes commandés par lui-même, Grouchy et Canuel 245 ,246 . Cependant il change de stratégie en constatant la faiblesse des rassemblements vendéens et décide de former six colonnes mobiles, fortes de 600 à 2 500 hommes et commandées principalement par Travot , Delaage , Watrin , Mermet et Valentin 247 ,248 . Ces colonnes mobiles, relevées tous les quinze jours, ont pour instruction de parcourir en permanence le territoire insurgé247 . Pour gagner en mobilité, elles n'emportent avec elles aucune pièce d'artillerie et opèrent de manière à s'assister mutuellement, avec des ordres de marche précis234 .

Face aux importantes forces républicaines, les troupes vendéennes restent constamment en mouvement et tentent généralement d'éviter le combat247 . Vers la mi-novembre, plusieurs officiers vendéens rédigent un mémoire qu'ils remettent à Charette pour lui suggérer de cesser les hostilités, mais celui-ci refuse en qualifiant cette démarche de « lâche » et de « déshonorante » 240 ,229 . Il jette le document au feu et prend particulièrement à partie Prudent de La Robrie  : « Vous perdez, lui dit-il, dans ce seul jour, la gloire que vous avez acquise par trois ans de travaux » 240 ,249 . D'après Lucas de La Championnière , Charette « devint soupçonneux ; ses correspondances devenues faciles avec les villes lui dénonçaient journellement des conspirateurs. […] De ce moment la discorde ne cessa plus d'habiter parmi nous ; l'espionnage prit le voile de l'amitié ; la terreur régna dans le parti Vendéen comme autrefois dans la République » 239 ,250 .

Articles détaillés : Bataille de Mouilleron-le-Captif , Bataille de Saint-Denis-la-Chevasse , Bataille des Landes de Béjarry , Bataille des Quatre Chemins de l'Oie (1795) , Bataille du bois du Détroit et Bataille de Montorgueil .

Le 27 novembre, Delaage bat Charette à Saint-Denis-la-Chevasse 251 . Le 5 décembre, le général vendéen prend d'assaut le camp des Quatre-Chemins à L'Oie , mais la contre-attaque de Watrin le met en fuite quelques heures plus tard251 . Le lendemain, les Vendéens ratent une embuscade au bois du Détroit et abandonnent tout le butin pris aux Quatre-Chemins251 . À cette période, Charette perd plusieurs de ses principaux officiers. Prudent de La Robrie est tué au combat dans les landes de Béjarry vers fin novembre251 . Pajot meurt le 24 décembre lors d'une escarmouche à Montorgueil, près du Poiré 252 . Couëtus est capturé alors qu'il s'apprêtait à faire sa soumission aux autorités républicaines et est exécuté le 4 janvier 1796 à Challans 253 ,

Charette reste en contact avec les émigrés jusqu'à la fin de l'année. Le 18 novembre, il écrit au marquis de Rivière « le cœur navré de douleur de l'éloignement d'un prince dont l'espoir de sa possession faisait toute notre félicité » 254 . Quelques jours plus tard, il s'inquiète d'apprendre que le titre de généralissime ne lui est pas reconnu par le comte d'Artois , qui le place à égalité avec Stofflet , Puisaye et Scépeaux 254 . Le 28 décembre, il écrit au roi pour lui demander une clarification254 .

Articles détaillés : Bataille de La Bruffière et Bataille de La Créancière . En Vendée - 1795 , huile sur toile d'Évariste Carpentier , XIX e siècle.

Au début de l'année 1796 , Charette tente une expédition en direction de l'Anjou afin de pousser Stofflet à le rejoindre dans la guerre, mais il est surpris à La Bruffière et à Tiffauges les 3 et 4 janvier et ses troupes sont complètement mises en déroute255 . Cette débandade achève de démoraliser les Vendéens : Charette est abandonné par la plupart de ses hommes et ne peut plus rassembler que quelques centaines de combattants231 ,255 ,256 . Traqué par les colonnes mobiles républicaines, il demeure constamment en mouvement dans les environs de Belleville , Saligny , Dompierre et Le Poiré 256 . Le 15 janvier, l'adjudant-général Travot lui inflige une nouvelle défaite à La Créancière, près de Dompierre 256 .

Dans l'Anjou et le Haut-Poitou , l'effondrement des insurgés est encore plus rapide. Sapinaud reprend les hostilités le 3 octobre 1795224 , mais, abandonné par ses troupes, il trouve refuge chez Stofflet en décembre235 . Ce dernier reste longtemps dans l'expectative avant de reprendre les armes sans illusion le 26 janvier 1796 sur ordre du comte d'Artois 257 ,258 . Dès le 29 janvier, il est contraint de trouver refuge dans la forêt de Maulévrier 257 ,259 ,260 . Sapinaud dépose les armes et démissionne de son commandement260 , mais Stofflet refuse de faire sa soumission et est capturé dans la nuit du 23 au 24 février, près de La Poitevinière 261 ,260 . Condamné à mort, il est fusillé à Angers le 25 février261 ,260 ,258 .

Articles détaillés : Bataille de la Bégaudière et Bataille de Froidfond .

À la mi-février, avec l'accord de Hoche et par l'intermédiaire de l'abbé Guesdon, des tractations sont menées avec Charette pour lui proposer de quitter la France262 ,231 . Mais le 20 février, celui-ci fait connaître son refus : « Vaincre ou mourir pour mon Dieu ou pour mon Roi, voilà ma devise irréfragable » 262 ,231 . L'abbé Guesdon condamne cette décision, affirmant dans une lettre à Hoche avoir été « trompé indignement par l'hypocrisie de Charette » 263 . Quelques jours plus tard, il est assassiné par des soldats vendéens263 ,231 .

Le 21 février, Travot attaque Charette à La Bégaudière, entre Saint-Sulpice-le-Verdon et Saint-Denis-la-Chevasse , et le met en fuite264 . Louis Marin Charette , frère du général, et Charette de La Colinière, son cousin, sont tous deux tués dans cette action264 . Travot se lance à la poursuite des Vendéens et les retrouve à Froidfond le 27 février, où il leur inflige une nouvelle déroute265 . Dans les semaines qui suivent, Travot continue de traquer inlassablement le général vendéen dans la région265 . Pendant ce temps, les principaux officiers de Charette, comme Hyacinthe de La Robrie , Lecouvreur, Pierre Rezeau et Lucas de La Championnière , font leur soumission à la République248 . D'autres, comme Le Moëlle et Dabbaye, sont tués248 .

Capture de Charette Article détaillé : Bataille de La Chabotterie . La capture du général Charette , huile sur toile de Louis Joseph Watteau , 1796, historial de la Vendée , Les Lucs-sur-Boulogne .

Le 23 mars à l'aube, Charette, encore suivi par seulement une cinquantaine d'hommes, est surpris par une colonne de grenadiers au nord des Lucs-sur-Boulogne 268 ,269 . Les Vendéens traversent alors la Boulogne et s'enfuient par des chemins creux en direction de l'est269 . Mais à 9 heures , la colonne de l'adjudant-général Valentin tombe à son tour sur les insurgés près de la métairie de La Guyonnière269 ,268 . Dix hommes de Charette sont tués, dont l'Allemand Pfeiffer, son garde-du-corps268 . Ce dernier aurait saisi le chapeau de son général pour le mettre sur sa tête et attirer ainsi le feu sur lui270 ,271 . Pendant trois heures, les Vendéens continuent de faire retraite en direction de l'est, tout en tiraillant269 ,268 . Charette se porte vers le nord-est, en direction de la Morinière, afin de gagner le bois de l'Essart269 . Il pense alors avoir semé ses poursuivants269 .

La colonne de l'adjudant-général Travot fait à ce moment son apparition à l'est, par la route de Chauché 268 . À midi, elle engage le combat et les Vendéens courent se réfugier à l'intérieur du bois de la Chabotterie , au sud-est de Saint-Sulpice-le-Verdon 269 ,268 . Charette est légèrement blessé à la tête, à l'épaule et à la main gauche269 ,268 . Il a trois doigts coupés et le pouce cassé272 .

Charette n'a plus que deux hommes avec lui lorsqu'il est poursuivi à vue par Travot, à la tête de trois chasseurs de la Vendée et de quelques chasseurs des montagnes268 . Épuisé par ses blessures, le général vendéen est bientôt rejoint, ceinturé, puis jeté à terre268 . Un cri de joie se propage alors parmi les soldats républicains : « Charette est pris ! » 269 .

Mort Portrait du général Charette avant son exécution, huile sur toile de Louis Crucy, 1796, collection particulière274 .

Charette est transporté non loin de là au château de La Chabotterie , où ses blessures sont pansées dans la cuisine du logis269 ,275 . Il échange avec Travot des propos courtois276 . En fin de journée, il est conduit au Poiré-sur-Vie pour y passer la nuit277 . Le lendemain, il est envoyé à Angers 277 . Le prisonnier est reçu avec égards par les officiers républicains et dîne à leur table après que ses blessures ont été soignées par le docteur Lachèze277 ,278 . Le général Hédouville remet également à Travot son brevet de général de brigade 277 .

Charette s'embarque sur une chaloupe canonnière et quitte Angers par la Loire le 26 mars, à 9 heures du matin, accompagné des généraux Grigny , Travot et Valentin 277 ,278 . Il est débarqué à Nantes à 11 heures du soir et enfermé dans la prison du Bouffay à 1 heure du matin203 ,278 .

À 9 heures , il est conduit chez le général Dutilh , commandant de la place, qui procède à son interrogatoire203 . Dutilh décide ensuite de le faire promener à travers les rues de la ville203 . Pendant cette procession, inspirée des triomphes romains , Charette, est précédé par 50 tambours et 50 musiciens, entouré par des gendarmes, puis suivi par 50 cavaliers , 50 grenadiers, 50 artilleurs et des officiers d'état-major203 ,278 . Le cortège parcourt le place du Bouffay , la rue de Hermitage , la place Graslin et la place du Pilori , puis il regagne le Bouffay203 ,278 . Ramené en prison, Charette est autorisé à recevoir la visite de sa sœur, Marie-Anne, et de sa cousine, Mme Charette de Thiersant203 ,279 . Il passe ensuite un second interrogatoire mené par le capitaine Perrin, du 4e bataillon de volontaires de l'Hérault 203 ,278 .

Mort du général Charette , huile sur toile de Julien Le Blant , 1883, collection particulière.

Le 29 mars, à 9 heures du matin, il passe en jugement devant un conseil militaire présidé par Jacques Gautier, le commandant du 4e bataillon de volontaires de l'Hérault 279 ,278 . Il est défendu par l'avocat Mathieu-Guillaume-Thérèse Villenave et subit un troisième interrogatoire public279 ,278 . Il accueille sa condamnation à mort dans un calme imperturbable280 . Il réclame un prêtre réfractaire , mais sa demande ne pouvant être satisfaite, il accepte la confession de l'abbé Guibert, prêtre constitutionnel de Sainte-Croix de Nantes 280 ,278 ,281 .

À quatre heures de l'après-midi, Charette est conduit sur la place Viarme , alors nommée place des Agriculteurs280 . Cinq mille soldats282 et douze généraux280 l'y attendent. Dix-huit hommes forment le peloton d'exécution278 ,282 . Charette retire son bras blessé de son écharpe et refuse de se mettre à genou ou de se faire bander les yeux280 ,Note 12 . Il est fusillé à cinq heures et quatorze minutes de l'après-midi280 ,Note 13 .

Le corps de Charette est jeté dans une fosse commune, creusée en 1793 sur le « chemin de Rennes » , où avaient déjà été déposés les corps de milliers de personnes, exécutées ou mortes de maladie273 ,284 ,Note 14 . Deux plâtriers, Cazanne et Martin, obtiennent des fossoyeurs la permission d'effectuer un moulage de son visage273 . Alertée, la police fait exhumer le cadavre le 31 mars, afin de s'assurer qu'il n'ait pas été enlevé, et oblige les deux plâtriers à réaliser un second moulage en présence de trois commissaires,286 . En 1981, une partie de la fosse est mise à jour à la suite de la démolition d'un immeuble287 ,284 . Les ossements sont déposés dans un cimetière de la ville 284 .

La mort de Charette marque symboliquement la fin de la guerre de Vendée, même si quelques groupes d'insoumis subsistent encore pendant quelques semaines288 . Le 13 juillet 1796, le général Hoche annonce que « les troubles de l'Ouest sont terminés » 289 .

  • Condition: neuve
  • Type: Statue, Sculpture
  • Matière: Résine
  • Dimension (cm): De 10 à 30
  • Thème: Personnage

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