PARFAIT ETAT
Club des Libraires de France / Les Libraires Associés, Paris, 1955. Reliure. Ed. numérotée. 2 volumes reliures toilées bleues de l'éditeur, plats supérieurs ornés d'une grande plaque dorée mosaïquée, rhodoids, 279 pages [1], et 319 pages [3], avec des illustrations en noir et blanc. Reproduction en fac-similé d'après l'édition de Fournier et Furne de 1838, première édition française intégrale illustrée par Grandville. Collection ''Livres de toujours''. Tirage limité à 5000 exemplaires numérotés sur offset blanc.Sourcewikipédia
Grandville , ou Jean-Jacques Grandville , pseudonyme de Jean Ignace Isidore Gérard , né le 13 septembre 1803 à Nancy et mort le 17 mars 1847 à Vanves , est un caricaturiste , illustrateur et lithographe français .
JeanIgnace Isidore Gérard est né à Nancy ,dans l’est de la France, dans une famille d’artistes et de comédiens. Homme auxidentités multiples, il sera toujours appelé Adolphe par les siens, du prénomd'un jeune frère mort deux mois avant sa naissance :
« C’estainsi qu’il entonne ce long duo avec la mort qui naît d’un baptême endeuillé,modulé tout au long de sa vie dans les registres divers des œuvres qu’il créeet des sorts qu’il subit. »
C’està Nancy qu’il grandit et reçoit ses premières leçons de dessin de son père,musicien amateur mais surtout peintre miniaturiste « pour la tête, lafleur ou le paysage ». La misère règne alors à Nancy et la vie du foyerdes Gérard n’y est pas facile : outre le couple et ses quatre enfants, ily vit une aïeule, Marie-Anne, ancienne « comédienne du Roi » dont lesrécits nostalgiques relatifs aux fastes de la cour de Stanislas fascinent. Lethéâtre ne suffisait pas à la subsistance des époux Gérard — lesgrands-parents paternels de Grandville — qui s’installent Place Royale etexploitent l’un des premiers cafés de Nancy, le café de la Comédie. Hippolyte,le frère d’Adolphe, verse dans la littérature et adopte le pseudonyme de« Gérard Grandville ».
Entant qu'artiste, Adolphe adopte Jean-Jacques comme prénom et reprend égalementde ses grands-parents le nom de « Grandville ». Il signe donc J.J.Grandville1 . Il semble suivre les traces de sonpère et s’attache à dessiner les membres de sa famille, le spectacle de la rueet, progressivement, s’émancipant des principes inculqués, se fait unespécialité de « défigurer avec malice cesphysionomies que l’adulte met tout son art à figurer. »
Sontalent de caricaturiste s’affiche précocement. L’opposition au père entre pourquelque chose dans cette velléité de transgression, mais on peut y voirégalement le dépassement du simple apprentissage. L’influence de l’art duthéâtre y entre certainement pour autre chose, mais il faut évoquer l’histoirede l’art, fortement empreinte à Nancy de l’art de Callot qui fit connaître les Arlequin , les Pantalon etles Polichinelle .Enfin, la mode et l’influence de la caricature , très populaire en Angleterre,jouent pour partie.
Grandvilles’initie en recopiant les modèles de caricatures qu’il trouve dans la nouvellepresse satirique comme Le Nain jaune .Il se forge une opinion libérale, anticléricale. Dès 1820, il conçoit descréatures hybrides, mi-hommes mi-animaux, qui deviendront rapidement la marquede son talent. Au dessin, il associe volontiers les jeux de mots teintésd’ironie : Le Canard , dessin illustrant les« canards » de la clarinette ; Le Quintette à vent évoquantl’expression « souffler comme un bœuf », etc.
Lecourant romantique commence à s'imposer en France à cette époque et ne manquepas d’influencer l'artiste. La lithographie , nouvelle techniqued’impression et de représentation, connait du succès et contribuerasingulièrement à la gloire de Grandville. L’appel de la capitale se faitsentir : le départ sera soutenu par le peintre miniaturiste Léon Larue(1785-1834), connu sous le nom de Mansion, qui détecte le talent de Grandvilleet le fait venir dans son atelier parisien.
Àl'âge de vingt et un ans, Grandville s'installe à Paris.
Le 22juillet 1833, il épouse sa cousine Marguerite Henriette Fischer(1810-1842) et déménage dans un nouvel appartement. Leur premier fils,Ferdinand, naît en 1834, mais ne vit que quatre ans. Cette naissance affaiblitconsidérablement Henriette. Un deuxième fils, Henri, vient au monde à l'automne1838, mais meurt en 1841, étouffé en mangeant un morceau de pain, en présencede ses parents. Georges, son troisième fils, naît en juillet1842. Lors de ses grossesses précédentes, et cette fois encore, la santéd'Henriette s'est détériorée et elle décède le même mois d'une péritonite.
En octobre1843, Grandville se remarie avec Catherine Marceline(« Céline ») Lhuillier (1819-1888). Armand, le seul enfant de cedeuxième mariage, naît en 1845. Georges, le troisième fils de son premiermariage, âgé de 4 ans et demi, meurt en janvier 1847 après une courte maladie.
Grandvilleayant perdu en dix ans sa première femme et les trois enfants qu'il en a eusest physiquement et mentalement brisé. Il tombe malade à plusieurs reprises.
En1847, alors qu'il séjourne dans sa maison de villégiature de Saint-Mandé , il est atteint d'une crise defolie et est transporté dans une clinique de Vanves . Le pressentiment de sa mort ne lequitte pas, il l’annonce, en dépit de l’avis des médecins et, en effet, le 17mars, deux mois après la mort de son fils chéri Georges, Grandvillemeurt. Conformément à ses vœux, il sera enterré à Saint-Mandé — où une rueporte aujourd'hui son nom — aux côtés de sa première épouse et de leurstrois fils.
Peude temps après son arrivée à Paris, Grandville publie un recueil delithographies intitulé Les Tribulations de la petite propriété . Ilpoursuit son œuvre avec Les Plaisirs de tout âge et LaSibylle des salons , un jeu de tarot de 52 cartes qui sera finalement signépar Mansion. Mais c'est avec Les Métamorphoses du jour (1828-29),une série de 70 scènes dans lesquelles des personnages humains sont représentésavec une tête d'animal en situation pour un rôle dans la comédie humaine, qu'ils’est vraiment fait connaître. Ces dessins sont remarquables parl'extraordinaire habileté du dessin des expressions humaines transposées surune figure animale. La physiognomonie , courant intellectuelinspiré des travaux de Lavater ,de Cuvier ,de Geoffroy Saint-Hilaire etde Gall postulel’analogie entre les traits du visage, la complexion d’un individu et soncaractère, sa personnalité. Cette thèse et les courants analogues (craniologie , phrénologie etc.) alors en vogue ontune répercussion indubitable sur la pensée et l’œuvre de Grandville.
Les Métamorphosesdu jour ont, dès leur première apparition, suscité des imitations dela part d’autres artistes, ce dont Grandville ne manque pas de se plaindre,mais ces plagiats témoignent de l’influence qu’a son œuvre sur l’évolution del’illustration fantastique. Le succès rencontré par ces œuvres a conduit diverspériodiques tels que La Silhouette , L'Artiste , La Caricature , Le Charivari à l’engager commecollaborateur. Ses caricatures politiques caractérisées par une merveilleusefécondité d’inspiration satirique , suscitentbientôt l'engouement.
Sesplanches satiriques sont des charges contre les contemporains ou des attaquescontre la monarchie deJuillet . Ses dessins déplaisaient à Adolphe Thiers , qui fait promulguer,en 1835 , sous le règne de Louis-Philippe uneloi exigeant une autorisation préalable pour la publication de dessins et decaricatures. Après ce rétablissement de la censure, Grandville, viscéralementattaché à la liberté de la presse, se sent profondément atteint par lesattaques incessantes de la police ; il est même perquisitionné et lafouille désordonnée opérée par les gendarmes le heurte profondément. Dans unecaricature toute personnelle, il s’en souviendra en figurant les gendarmes sousla forme de mouches agaçantes envahissant son domicile.
Après cet épisode, il se tourne presque exclusivement versl'illustration de livres, en illustrant divers ouvrages, tels que les œuvres d’ Honoré de Balzac , les chansons de Béranger , les Fables de La Fontaine (1838) et celles de Florian , Don Quichotte de Cervantes , les Voyages de Gulliver de Swift , Robinson Crusoé de Daniel Defoe . Il a également continué à publier des recueils de lithographies : Les Cent Proverbes , Un autre monde (1844), Les Fleurs animées . Il participe aux illustrations des Scènes de la vie privée et publique des animaux (1840-1842), une satire initiée par Jules Hetzel en référence à La Comédie humaine , et au Diable à Paris .
Sonœuvre s'apparente à un monde étrange que Baudelaire compare par la suite à« un appartement où le désordre serait systématiquement organisé ».Ses dessins fantastiques et zoomorphes (métamorphoses d’êtreshumains, d’animaux et de plantes) (Un autre monde ) lui valurent d’êtrerevendiqué par les surréalistes .
Lesdessins de Grandville présentent habituellement une analyse des personnagespleine d’inventivité et de merveilleux. Cependant, il faut insister sur ladifficulté de lecture et d’interprétation de ses caricatures intrinsèquementliées au contexte historique et politique du temps, à une actualité désormaishermétique pour le profane. Cette perte relative du sens n’ôte rien à laqualité artistique des dessins.
L’unedes obsessions de Grandville dans l’approche de ses œuvres est de vouloirabsolument transcrire sa pensée par le trait du crayon plus que par la plume etle verbe. Il invente tout un ensemble de procédés « pourdonner parole aux images, afin qu’elles manifestent l’idée, affichent l’opinionet agissent immédiatement sur le lecteur. » La monarchie dejuillet lui fournira amplement l’occasion d’exprimer ses idées républicaines etanticléricales. Les thèmes du budget, des violences du pouvoir, du ridicule etdes abus des puissants sont autant de sources d’inspiration pour Grandville quine néglige pas l’observation quotidienne de ses contemporains plus proches,croquant les types du bourgeois, de la coquette, du notaire, etc.
Àla mort du dessinateur, une grande partie de ses dessins revient à son fils etexécuteur testamentaire Armand Grandville. En 1893 et 1894, ce dernier partagela collection entre le Musée desbeaux-arts de Nancy (1 432 dessins), le Musée lorrain (58 dessins), la Bibliothèquepublique de Nancy (522) et la Bibliothèque nationale de France àParis (15 dessins).
Quelquesannées après la mort de Grandville, en 1853, 1 168 dessins sont mis envente par la famille de l’artiste. Deux importantes ventes, le 26mars 1859 et le 13février 1882, dispersent encore les œuvres. 200 dessins et un millierd'estampes ont rejoint les collections de la Bibliothèque municipale de Nancypar le biais du legs Thiéry-Solet en 1921.
Le musée Carnavalet à Paris conserve un cahier decroquis et un album de 50 dessins et aquarelles. À l’étranger, le muséenational de Varsovie compte 29 compositions attribuées àl’artiste. D’autres dessins sont conservés dans des collections privées.
Sélection d’œuvres
La Marchande de cerises , 1 lithographie, 1825
Promenade dans Paris , 1 lithographie, 1825
Les Dimanches d’un bourgeois deParis ou Les tribulations de la petite propriété, 12 lithographies , Paris, Langlumé, 1826
Costumes de théâtre , 23 lithographies, 1826
Chaque âge a ses plaisirs , 10 lithographies, 1827
La Sibylle des salons , 53 lithographies, 1827
Titres pour morceaux de musique, 12lithographies, 1828
Chansons de Béranger, 2 gravures surmétal, 1829
Les Métamorphoses du jour , 73 lithographies, Paris, Aubert,1829
La Silhouette , 9 lithographies, (1829-1831)
La Caricature , 120 lithographies, (1830-1835)
Galerie mythologique , 6 lithographies, 1830
Principes de grammaire , 4 lithographies, 1830
Voyage pour l’éternité , 9 lithographies, 1830
Mémorables journées de 1830 , 1 lithographie, 1830
Pièces diverses , 36 lithographies, 1830
Ce n’est pas une chambre, c’est unchenil , 8lithographies, 1831
Oh ! les vilaines mouches , 1 lithographie, 1831
L’ordre règne à Varsovie, l’ordrerègne aussi à Paris ,2 lithographies, 1831
Carte vivante du restaurateur , 12 lithographies (1831-1832)
Le Charivari , 106 lithographies (1832-1835)
La Lithographie mensuelle , 16 lithographies, 1 eau-forte, 1gravure sur métal (1832-1834)
Physiologie de la poire , 2 bois, 1832
Singeries morales et politiques , 6 lithographies, 33 vignettes en 6planches (1832)
Journal des enfants , 4 bois, 1833
Le Magasin pittoresque 2 , 67 bois (1833-1857)
Le Musée des enfants , 3 retirages, 1833
Petites macédoines d’Aubert , 13 retirages, 1833
Chroniques de Paris , 4 bois (1834-1836)
Le Monde dramatique , (1834-1835)
Le Musée des familles , 20 bois (1835-1847)
Petits jeux de société , 6 retirages, 1834
La Revue des peintres , (1834-1835)
Toussaint le mulâtre , de Thouret, 2 bois, 1834
24 breuvages de l’homme , 8 lithographies, 1835
Museum Dantanorama , 13 retirages,1835
Musée parisien , 4 tirages à part, 1835
Les Parisiens pittoresques , 6 retirages, 1835
Types modernes – Observationscritiques , 9lithographies, 1835
L’Artiste , 2 gravures sur métal, 1836
Le Livre des enfants , Amable Tastu ,29 bois, 1836
Album Béranger-Grandville , 100 retirages, 1837
Barante, Histoire des ducsde Bourgogne , 1 bois, 1837
Le Figaro , 1 bois, 1837
Le livre d’images , 1837
La Caricature provisoire , 14 lithographies (1838-1843)
Fables 3 de La Fontaine , 258 bois, 1re édition,Henri Fournier, 1838-1840
JonathanSwift , Voyages de Gulliver , 346 bois, 1838
Maurice Alhoy , Muséepour rire , 3 bois, 1839
Le Corsaire , 1 bois, 1832 ?
Auguste-Eude Dugaillon, Fielet miel , 2 lithographies, 1839
Fantaisies , 1 lithographie, 1839
Alphonse Karr , Lesguêpes , 1 bois (1839-1840)
Orsini, Heures de l’enfance ,1 gravure sur métal, 1839
Pétition adressée à la chambre despairs , 1 bois,1839
Quand les bœufs vont deux à deux , 1 gravure sur métal, 1839
Vincent, Vocabulaire desenfants , retirage, 1839
Voyage du Prince Kamchaka , retirage, 1839
NicolasBoileau , Œuvres , 6 bois, 1840
Daniel Defoe , LesAventures de Robinson Crusoe , 206 bois, 1840
Les Français peints par eux-mêmes , 18 bois, 1840
La Gazette des enfants , 1 bois, 1840
Histoire de l’imprimerie , 1 bois, 1840
Savigny , Historietteet images , retirage, 1840
Huart, Museum parisien ,3 bois, 1841
Lavalette, Fables , 21eaux-fortes, 1841
Boitard, Le Jardin desplantes , 2 bois, 1842
Florian , Fables , 95 bois, 1842
Hetzel . Scènes_de_la_vie_privée_et_publique_des_animaux ,320 bois, 1842
Musée ou Magasin comique dePhilipon, 52 bois, 1842
Forgues (pseud. Old Nick). Petitesmisères de la vie humaine , 222 bois, 1843
L’Illustration , 17 bois (1843-1845)
Le Livre des petits enfants , 5 bois, 1843
Un autremonde : Transformations,visions, incarnations, ascensions, locomotions, explorations, pérégrinations,excursions, stations, cosmogonies, fantasmagories, rêveries, folâtreries,facéties, lubies, métamorphoses, zoomorphoses, lithomorphoses, métempsycoses,apothéoses et autres choses , texte de Taxile Delord ,Paris : H. Fournier, 185 bois, 1844. Rééd. éditions Douin4 ,2014
Old Nick, Taxile Delord, Amédée Achard , Cent proverbes ,Paris : H. Fournier, 105 bois, 1845
Les Caractères ou les Mœurs de cesiècle , La Bruyère , 4 bois sur chine, 1845
Almanach de l’an 1846 , 1846
Boccace , Contes ,1 bois, 1846
Louis Reybaud, JérômePaturot à la recherche d’une position sociale , Paris : Dubochet, 186bois, 1846
Les Fleurs animées 5 , 2 bois, 50 gravures sur métal,1847
L’Image , 9 retirages, 1847
Lavalette, Fables , 33eaux-fortes dont 12 en premier tirage, 1847
Album Béranger , 84 retirages, 1848
Cervantes , L’Ingénieuxhidalgo Don Quichotte , 18 bois, 8 gravures sur métal, 1848
Méry, Les Étoiles. Dernièreféerie par J.-J. Grandville. Astronomie des dames par le Comte Foelix .Paris : G. de Gonet, 15 gravures sur métal, 1849
Bougarre, Satires et piècesdiverses , retirage, 1851
Perrault . Contes (NouveauMagasin des enfants ), retirages, 1851
Grandville Nicolas. Grandville dansles étoiles, 1862
Les Fleurs animées , illustrées par Grandville, textepar Alphonse Karr , Taxile Delord etle Comte Fœlix. Nouvelle édition avec planches très soigneusement retouchéespour la gravure et le coloris par M. Louis Joseph Édouard Maubert, peintred’histoire naturelle attaché au Jardin des Plantes. Paris, Garnier Frères, 1867
Fables de La Fontaine , illustrées par Grandville,précédées de La vie d'Ésope, Le phrygien . Paris : Garnierfrères, 1868
Aventures de Robinson Crusoé , traduction nouvelle. Paris :Garnier frères, 1870
Le Diable à Paris : Paris etles Parisiens. Mœurs et coutumes, caractères et portraits des habitants deParis, tableau complet de leur vie privée, publique, politique et artistique… Précédée d’une histoire deParis par Théophile Lavallée, Paris, J. Hetzel, 1845-1846 (E.O.), 2 vol. gr.in-8° de XXXII-380 et LXXX-364 pp., illustrations de Gavarni, Grandville,Bertall…
Les Métamorphoses du jour , Paris, Garnier 1869,fort in 8°, 70planches lithographiées en couleur + frontispice
Fables de Florian, de Tobie et deRuth , Nouvelle édition. Paris :Garnier Frères, ~ 1870