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Numéro de l'objet:266742138642Nadia Marchioni,Van Gogh et le post-impressionnisme, 2008, VAN GOGH, PEINTURE. Découvrez chaque jour, de nouvelles offres du bouquetin-qui-bouquine
AUTEUR: Nadia Marchioni
TITRE: Van Gogh et le post-impressionnisme
LIEU: EDITEUR, DATE: Paris, Le Figaro, 2008
COLLATION: 296p.
FORMAT: In-4 (28,7x23cm)
RELIURE: Brochage sous couverture souple à rabats
ILLUSTRATIONS: Nombreuses reproductions en couleur in et hors-texte
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ETAT: Neuf
BIOGRAPHIE & THEME: Vincent van Gogh, né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, aux Pays-Bas, et
mort le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise, en France, est un peintre et dessinateur néerlandais.
Son œuvre pleine de naturalisme, inspirée par l'impressionnisme et le pointillisme, annonce le
fauvisme et l'expressionnisme.
Van Gogh grandit au sein d'une famille de l'ancienne bourgeoisie. Il tente d'abord de
faire carrière comme marchand d'art chez Goupil & Cie. Cependant, refusant de voir l'art
comme une marchandise, il est licencié. Il aspire alors à devenir pasteur, mais il échoue aux
examens de théologie. À l'approche de 1880, il se tourne vers la peinture. Pendant ces années,
il quitte les Pays-Bas pour la Belgique, puis s'établit en France. Vincent explore la peinture
et le dessin à la fois en autodidacte et en suivant des cours. Passionné, il ne cesse d'enrichir
sa culture picturale : il analyse le travail des peintres de l'époque, il visite les musées et
les galeries d'art, il échange des idées avec ses amis peintres, il étudie les estampes
japonaises, les gravures anglaises, etc. Sa peinture reflète ses recherches et l'étendue de ses
connaissances artistiques. Toutefois, sa vie est parsemée de crises qui révèlent son instabilité
mentale. L'une d'elles provoque son suicide, à l'âge de 37 ans.
L'abondante correspondance de Van Gogh permet de mieux le comprendre. Elle est constituée de
plus de 800 lettres écrites à sa famille et à ses amis, dont 652 envoyées à son frère « Theo »Note
3, avec qui il entretient une relation soutenue aussi bien sur le plan personnel que
professionnel.
L'œuvre de Van Gogh est composée de plus de 2 000 toiles et dessins datant principalement des
années 1880. Elle fait écho au milieu artistique européen de la fin du XIXe siècle. Il est
influencé par ses amis peintres, notamment Anthon van Rappard, Émile Bernard et Paul Gauguin. Il
échange aussi des points de vue avec son frère Theo, un marchand d'art connu. Il admire
Jean-François Millet, Rembrandt, Rubens3, Frans Hals, Anton Mauve et Eugène Delacroix, tout en
s'inspirant d'Hiroshige, Claude Monet, Adolphe Monticelli, Paul Cézanne, Edgar Degas et Paul
Signac.
Peu connu dans les années 1890, Van Gogh n'a été remarqué que par un petit nombre d'auteurs
et de peintres en France, aux Pays-Bas, en Belgique et au Danemark. Cependant, dans les années
1930, ses œuvres attirent 120 000 personnes à une exposition du Museum of Modern Art, à New York.
Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands artistes de tous les temps.
La famille Van Gogh, d'ancienne bourgeoisie, est déjà notable aux XVIe et XVIIe siècles.
L'état de pasteur est une tradition familialeWM 1, de même que le commerce de l'art. Le
grand-père de Vincent (1789-1874) a, par exemple, suivi des cours à la faculté de théologie à
l'université de Leyde jusqu'en 1811. Trois de ses fils sont devenus marchands d'art.
Vincent Willem van Gogh (prononcé en néerlandais : /ˈvɪnsɛnt
ˈʋɪləm vɑŋ ˈɣɔx/) naît le 30 mars 1853 à
Groot-Zundert, un village près de Bréda dans l'ouest du Brabant-Septentrional, dans le sud des
Pays-Bas. Sa mère avait mis au monde un enfant mort-né, le 30 mars 1852 : Vincent Willem I, dont il
portera le prénom. Il est le fils aîné de Theodorus van Gogh, pasteur de l'Église réformée
néerlandaise à Groot-Zundert depuis 1849, et d'Anna Cornelia, née Carbentus, fille d'un
relieur de la cour du Duché de Brabant. Ses parents élèveront six enfants : Vincent, Anna Cornelia
(1855-1930), Théodore (« Théo »), Elisabetha Huberta (« Liss », 1859-1936), Willemina Jacoba (« Wil
» ou « Wilkie », 1862-1941) et Cornelis Vincent (« Cor », 1867-1900)WM 2.
Son père Theodorus compte dix frères et sœurs. Plusieurs oncles paternels joueront un rôle
déterminant dans la vie de Vincent. Hendrik Vincent van Gogh, « Hein », est marchand d'art à
Bruxelles. Johannes van Gogh (de), « Jan », est amiral et reçoit Vincent chez lui à Amsterdam
pendant plus d'un an. Cornelis Marinus van Gogh, « Cor », est également marchand d'art. Son
parrain Vincent van Gogh, « Cent », s'est associé à la chaîne de galeries de l'éditeur
d'art parisien Goupil.
1853-1869
La famille de Van Gogh mène une vie simple. L'ambiance laborieuse du foyer parental marque
profondément le jeune Vincent, qui est un enfant sérieux, silencieux et pensifM 1.
En janvier 1861, Vincent van Gogh entre à l'école de Zundert, dont l'effectif est de deux
cents élèves5. Il est retiré de l'école et, à la fin d'année 1861, Anna Birnie (1844-1917)6
est embauchée comme gouvernante pour donner des cours à Vincent et à sa sœur, Anna. Elle leur
enseigne, entre autres, le dessin. Le 1er octobre 1864, il part pour l'internat de Jan Provily à
Zevenbergen, une ville rattachée à la commune de Moerdijk à trente kilomètres de chez lui. Il y
apprend le français, l'anglais et l'allemand. Il y réalise aussi ses premiers essais de
dessinWM 3. Le 15 septembre 1866, il entre au collège Guillaume II, à Tilbourg. Son professeur de
dessin était le peintre Constant Cornelis Huijsmans au collège Willem II (en)7. Vincent vit
difficilement cet éloignement. En mars 1868, il quitte précipitamment l'établissement et
retourne chez ses parents à Zundert.
1869-1878
Vincent van Gogh à l'âge de 18 ans
Vincent van Gogh à l'âge de 18 ans8,9.
Theodorus van Gogh à l'âge de 21 ans
Theodorus van Gogh à l'âge de 21 ans.
Le 30 juillet 1869, à l'âge de 16 ans, Vincent quitte la maison familiale pour devenir apprenti
chez Goupil & Cie à La Haye, filiale fondée par son oncle Hein10. Cette firme internationale qui
vend des tableaux, des dessins et des reproductions, est alors dirigée par Hermanus TersteegJLB 1,
pour qui l'artiste avait un grand respect. En 1871, son père est muté à Helvoirt. Vincent y
passe ses vacances en 1872, avant de rendre visite à Theo, à Bruxelles.
Après sa formation en apprentissage, il est engagé chez Goupil & Cie. En juin 1873, Adolphe Goupil
l'envoie dans la succursale de Londres avec l'accord de son oncle Cent. Selon la future femme
de Theo, Johanna Bonger dite « Jo », c'est la période la plus heureuse de sa vie11. Il réussit
et, à 20 ans, il gagne plus que son père. Il tombe amoureux d'Eugénie LoyerDiff 1, la fille de
sa logeuse à Brixton, mais lorsqu'il lui révèle ses sentiments, elle lui avoue qu'elle
s'est déjà secrètement fiancée avec le locataire précédentZ 1. Van Gogh s'isole de plus en
plus. À la même époque, il développe un fervent intérêt pour la religion. Son zèle religieux prend
des proportions qui inquiètent sa famille. Le 12 novembre 1873, Theo est muté à la succursale de La
Haye par son oncle Cent.
Son père et son oncle envoient Vincent à Paris à la mi-mai 1875, au siège principal de Goupil & Cie
au 9 rue Chaptal. Choqué de voir l'art traité comme un produit et une marchandise, il en parle à
certains clients, ce qui provoque son licenciement le 1er avril 187612,Z 2. Entre-temps, la famille
Van Gogh a déménagé à Etten, village du Brabant-Septentrional.
Van Gogh se sent alors une vocation spirituelle et religieuse. Il retourne en Angleterre où,
pendant quelque temps, il travaille bénévolement, d'abord comme professeur suppléant dans un
petit internat donnant sur le port de Ramsgate, où il est engagé. Il dessine quelques croquis de la
ville. À son frère Theo, il écritNote 4,M 2 : « À Londres, je me suis souvent arrêté pour dessiner
sur les rives de la Tamise en revenant de Southampton Street le soir, et cela n'aboutissait à
rien ; il aurait fallu que quelqu'un m'explique la perspective. » Comme l'école doit par
la suite déménager à Isleworth dans le MiddlesexNote 5, Van Gogh décide de s'y rendre. Mais le
déménagement n'a finalement pas lieu. Il reste sur place, devient un fervent animateur
méthodiste et veut « prêcher l'Évangile partout ». À la fin d'octobre 1876, il prononce son
premier sermon à la Wesleyan Methodist Church à Richmond. En novembre, il est engagé comme
assistant à la Congregational Church de Turnham GreenJLB 2.
À Noël 1876, il retourne chez ses parents. Sa famille l'incite alors à travailler dans une
librairie de Dordrecht aux Pays-Bas pendant quelques mois. Toutefois, il n'y est pas heureux. Il
passe la majeure partie de son temps dans l'arrière-boutique du magasin à dessiner ou à traduire
des passages de la Bible en anglais, en français et en allemand. Ses lettres comportent de plus en
plus de textes religieux. Son compagnon de chambre de l'époque, un jeune professeur appelé
Görlitz, expliquera plus tard que Van Gogh se nourrit avec parcimonie13 : « Il ne mangeait pas de
viande, juste un petit morceau le dimanche, et seulement après que notre propriétaire eut
longuement insisté. Quatre pommes de terre avec un soupçon de sauce et une bouchée de légumes
constituaient son dîner. »
Le soutenant dans son désir de devenir pasteur, sa famille l'envoie en mai 1877 à Amsterdam, où
il séjourne chez son oncle Jan, qui est amiral. Vincent se prépare pour l'université et étudie
la théologie avec son oncle Johannes Stricker, théologien respectéNote 6. Il échoue à ses examens.
Il quitte alors le domicile de son oncle Jan, en juillet 1878, pour retourner à la maison familiale
à Etten. Il suit des cours pendant trois mois à l'école protestante de Laeken, près de Bruxelles,
mais il échoue à nouveau et abandonne ses études pour devenir prédicateur laïc. Au début de décembre
1878, il obtient une mission d'évangéliste en Belgique, auprès des mineurs de charbon du
Borinage, dans la région de Mons. Il y devient un prédicateur solidaire des luttes contre le
patronat mais il a déjà fait son apprentissage pictural en ayant visité tous les grands musées des
villes importantes qu'il a traversées quand il travaillait chez Goupil & Cie.
Sa traversée du Borinage en Belgique commence à Pâturages (aujourd'hui dans la commune de
Colfontaine) en 1878, il arrive par la gare de Pâturages, il s'installe à la rue de l'Eglise
[archive]. Il y est accueilli par un évangéliste qui l'installe chez un cultivateur à Wasmes.
Très vite, il juge cette maison trop luxueuse et, en août, il part pour Cuesmes pour loger chez un
autre évangéliste. Allant au bout de ses convictions, Van Gogh décide de vivre comme ceux auprès
desquels il prêche, partageant leurs difficultés, jusqu'à dormir sur la paille dans une petite
hutte.
Il consacre tout aux mineurs et à leur famille. Il va même jusqu'à descendre dans un puits de
mine du Charbonnage de Marcasse, à 700 mètres de profondeur. Lors d'un coup de grisou, il sauve
un mineur. Mais ses activités de pasteur ouvrier ne tardent pas à être désapprouvéesZ 3, ce qui le
choque. Accusé d'être un meneur, il est contraint d'abandonner la mission — suspendue par le
comité d'évangélisation — qu'il s'était donnéeM 3. Il en garde l'image de la misère
humaine qui apparaîtra dans une partie de son œuvre. Après ces évènements, il se rend à Bruxelles
puis revient brièvement à Cuesmes, où il s'installe dans une maison. Mais, sous la pression de
ses parents, il retourne à Etten. Il y reste désœuvré, jusqu'en mars 1880, ce qui préoccupe de
plus en plus sa famille. Vincent et Theo se disputent au sujet de son avenir : ces tensions les
privent de communication pendant près d'un an14.
De plus, un grave conflit éclate entre Vincent et son père, ce dernier allant jusqu'à se
renseigner pour faire admettre son fils à l'asile de Geel. Il s'enfuit de nouveau et se
réfugie à Cuesmes, où il loge jusqu'en octobre 1880 chez un mineur. Entre-temps, Theo obtient un
emploi stable chez Goupil & Cie à Paris.
Van Gogh atteint sa maturité au moment où il commence sa carrière d'artiste. Il s'intéresse
de plus en plus à ses proches et aux scènes quotidiennes qu'il commence à représenter dans des
croquis à la mine de plomb, au fusain ou au crayonZ 4. En octobre 1880, il part à Bruxelles et, le
15 novembre 1880, il s'inscrit à l'Académie royale des beaux-arts sur les conseils du peintre
Willem Roelofs. Il a l'occasion de travailler à l'atelier du peintre Anthon van Rappard, rue
Traversière. Le 1er février 1881, Theo est nommé gérant de la succursale de Goupil & Cie sur le
boulevard Montmartre ; il décide alors de subvenir aux besoins de son frèreJLB 3. Vincent est
presque âgé de 28 ans.
Fin avril 1881, Van Gogh revient à la maison familiale et y reste jusqu'à Noël. Il consacre
principalement son temps à la lecture et aux études des figures. L'été, il tombe amoureux de Kee
Vos, la fille de son oncle Stricker. Malgré le refus clair de Kee, veuve toute récente, Vincent
insiste, créant une atmosphère de plus en plus tendue dans sa famille.
À la suite d'une violente dispute avec son père, il part pour La Haye, où il s'installe dans
un modeste atelier. Il y reçoit des leçons de peinture de son cousin par alliance, Anton Mauve
(époux de sa cousine germaine Ariëtte Carbentus), pratique alors essentiellement l’aquarelle et
étudie la perspective.
En janvier 1881, Van Gogh rencontre une ancienne prostituée, Sien Hoornik, qui commence à poser
pour lui. Au printemps 1882, son oncle Cornelis Marinus, propriétaire d'une galerie d'art
renommée à Amsterdam, lui commande des dessins de La Haye. Le travail ne s'avère pas à la
hauteur des espérances de son oncle, qui lui passe néanmoins une deuxième commande. Bien qu'il
lui ait décrit en détail ce qu'il attendait de lui, il est de nouveau déçu. En juin 1882, une
hospitalisation liée à une maladie vénérienne lui permet de se réconcilier avec ses parentsJLB 4.
À sa sortie, il s'installe dans un plus grand atelier avec Sien Hoornik et ses deux enfants.
C'est au cours de l'été 1882 qu'il commence la peinture à l'huile. Cette période de sa
vie lui permet de se consacrer à son art. Il partage ses réflexions sur des peintres qu'il
admire comme Daumier ou Jean-François Millet dont il connaît bien les œuvresLettre 1,Lettre 2. Il
exécute de nombreux tableaux et dessins selon différentes techniques. Il envoie ses œuvres à Theo
et écrit à Anthon van Rappard. À partir du printemps 1883, il s'intéresse à des compositions
plus élaborées, basées sur le dessin. Très peu de ces dessins ont survécu car, manquant de
nervosité et de fraîcheur selon Theo, ils seront détruits par Vincent.
Les vingt mois qu'il passe à La Haye (entre 1882 et 1883) semblent décisifs pour l’artiste, qui
réalise sa volonté de rompre avec les conventions morales de son milieu social, et son
impossibilité à mener une existence normale. De nombreuses lectures, Honoré de Balzac, Victor Hugo,
Émile Zola ou encore Charles Dickens, viennent enrichir sa vision du monde, et renforcent ses
convictions sociales. En août 1883, il envisage de partir dans la province campagnarde de la
Drenthe pour profiter de ses paysages. Sa relation avec Sien Hoornik se termine alors.
Drenthe
De septembre à décembre 1883, Vincent séjourne en solitaire dans la province de Drenthe, dans le
nord des Pays-Bas, où il s'acharne à sa peinture. C'est l'unique remède qu'il trouve
face à un profond sentiment de détresse. Il change assez souvent de logement et la solitude lui
pèse. Le temps pluvieux et les difficultés financières de son frère Theo le décident à rejoindre sa
famille installée depuis juin 1882 à Nuenen, en Brabant-Septentrional, dans le presbytère paternel.
Van Gogh profite d'un petit atelier aménagé à son intention dans la maison familiale. Il y
réalise des séries de tableaux sur différents thèmes, notamment les tisserands. C'est à Nuenen
que son travail se révèle définitivement : de cette époque datent de puissantes études à la pierre
noire de paysans au travail, mais aussi quelque deux cents tableaux à la palette sombre et aux
coups de brosse expressifs, qui confirment alors sa force de dessinateur et de peintre15.
Theo propose à Vincent de ne plus lui verser de pension mais plutôt de lui acheter ses tableaux.
Theo acquiert ainsi des tableaux qu'il espère vendreJLB 6. Vincent continue à voir Van Rappard
avec qui il peint. À cette période, il donne aussi des cours de peinture à des amateurs. Puis, en
mai 1884, il loue un atelier plus vaste que celui qu'il avait jusqu'alors.
Portrait de paysan, 1885, huile sur toile, 39 × 30,5 cm, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de
Belgique.
Pour la troisième fois, Van Gogh tombe amoureux. Il entame une relation avec sa voisine, Margot
Begemann, ce que leurs familles respectives n'apprécient pas. À la mi-septembre, Margot tente de
se suicider. Elle passe sa période de convalescence à Utrecht. Le 26 mars 1885, le père Van Gogh
meurt d'une crise cardiaque. À cause des relations difficiles qu'il entretient avec son
entourage, la sœur de Vincent lui demande de quitter le presbytère. Il habite alors dans son
atelier entre avril et mai 1885.
Alors qu'il est encore à Nuenen, il travaille sur une série de peintures qui doivent décorer la
salle à manger d'un de ses amis vivant à Eindhoven. Van Gogh s'intéresse alors aux artistes
renommés de l'école de La Haye, comme Théophile de Bock et Herman Johannes van der Weele. Il
s'agit d'un groupe d'artistes qui, entre 1860 et 1890, sont fortement influencés par la
peinture réaliste de l'école de Barbizon. Parmi ces artistes, Johan Hendrik Weissenbruch ou
Bernard Blommers par exemple, sont cités dans les lettres de Van Gogh lors de ses discussions sur
l'artLettre 3,Lettre 4. Il n'hésite pas non plus à faire des remarques sur Rembrandt et Frans
Hals en discutant de leurs œuvresLettre 5.
À la même époque, Émile Zola est critique d'art. En 1885, au moment où paraît son roman
Germinal, Van Gogh peint Les Mangeurs de pommes de terre. Ils exposent tous les deux la vie de la
classe populaire. Après son séjour à Nuenen, passant de ce réalisme sombre au colorisme, Van Gogh
prend un nouvel élan dans sa peinture. Sa palette devient plus claire et plus colorée, alors que
ses coups de pinceaux deviennent plus nets.
À Anvers de nouveau, en novembre 1885, il est impressionné par les peintures de Rubens et découvre
les estampes japonaises, qu'il commence à collectionner dans cette ville. C'est aussi dans la
capitale flamande que l'artiste inaugure sa fameuse série d'autoportraits. Il prend divers
cours de dessin et réalise des études de nus. L'idée de repartir à Paris lui est agréable. Il
compte déjà étudier dans l'atelier de Fernand Cormon et se loger chez Theo pour des questions
d'économie. En février 1886, il débarque donc à Paris.
Au début du mois de mars 1886, Vincent rejoint son frère Theo à Montmartre, avec l'envie de
s'informer sur les nouveautés de la peinture impressionniste. À l'époque, Theo est gérant de
la galerie montmartroise Boussod, Valadon & Cie (les successeurs de Goupil & Cie)JLB 8,Z 5. Vincent
y devient également l'amant d'Agostina Segatori, tenancière italienne du cabaret Au Tambourin,
boulevard de Clichy. Seule la connaissance du milieu artistique parisien peut véritablement
permettre à Van Gogh de renouveler et d'enrichir sa vision. Cette année-là est celle de la
dernière exposition impressionniste que Vincent découvre, et en 1887 doit avoir lieu la première
rétrospective de l’œuvre de Millet14.
Le Restaurant de la Sirène à Asnières, 1887, huile sur toile, 54 × 65 cm, Paris, musée d'Orsay
(F313/JH1251).
Paris se prépare alors à accueillir plusieurs expositions : en plus du Salon, où sont exposées les
œuvres de Puvis de Chavannes, Van Gogh visite les salles de la cinquième exposition internationale
à la galerie Georges Petit, qui présente des toiles d'Auguste Renoir et de Claude Monet. Ces
derniers n'avaient pas souhaité participer à la huitième et dernière exposition des
impressionnistes, qui offrait le spectacle d'un groupe déchiré, entre les défections et les
nouvelles arrivées, et ouvrait ses portes à la nouveauté du moment, le néo-impressionnisme, avec la
toile de Georges Pierre Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte.
Une allée Jardin du Luxembourg, 1886, huile sur toile, 27 × 46 cm, Clark Art Institute17.
Vincent van Gogh, par John Peter Russell, en 1886.
À Paris dans les années 1886-1887, Van Gogh fréquente un moment l’Académie du peintre Cormon, où il
fait la connaissance de Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin, d’Émile Bernard ainsi que de
John Peter Russell. Ce dernier réalise son portrait. Il rencontre également, par l’intermédiaire de
son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro,
ainsi que Paul Gauguin. Dans la boutique du père Tanguy, il devient l'ami de Paul Signac. Sous
l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et
d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Pissarro l’initie également aux
théories nouvelles sur la lumière et au traitement divisionniste des tons. La palette de
l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce
également à Signac avec qui il travaille en 1887M 4.
Exalté par la ferveur du climat artistique parisien, Van Gogh brûle les étapes de son
renouvellement artistique grâce à la fréquentation des peintres les plus anticonformistes du moment
: il s'essaye au néo-impressionnisme auprès de Signac et Pissarro, enquête sur les profondeurs
psychologiques du portrait avec son ami Toulouse-Lautrec, est précocement informé de la synthèse du
cloisonnisme par ses compagnons Louis Anquetin et Émile Bernard, et peut apprécier les toiles
exotiques réalisées par Gauguin en Martinique. Régénéré par cette modernité, il est prêt à réaliser
son rêve méditerranéen, à la recherche de la lumière aveuglante de la Provence, qui fait resplendir
les couleurs pures de la nature, étudiées jusque-là dans sa collection d'estampes japonaises.
C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme, mais
l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental. Le 19 février 1888, il quitte Paris.
Arles
La Maison jaune (« La Rue »), 1888, huile sur toile, 72 × 89 cm, New Haven, Yale University Art
Gallery (F464/JH1589).
La Chambre à coucher, 1888, huile sur toile, 72 × 90 cm, Amsterdam, musée Van Gogh, Fondation
Vincent van Gogh (F482/JH1608).
Le 20 février 1888, il s'installe à Arles, dans la vieille ville à l'intérieur des remparts à
l'hôtel-restaurant Carrel, au 30, rue de la Cavalerie, à l'époque quartier des maisons closes,
avec comme compagnon le peintre danois Christian Mourier-Petersen. Il loue également une partie de
la « maison jaune » pour en faire son atelier. Quelques jours après, il loge au Café de la Gare,
30, place LamartineLettre 6,JLB 9 et s'installe ensuite, à partir du 17 septembre, dans la
Maison Jaune, juste à côté, détruite lors du bombardement allié d'Arles du 25 juin 1944.
Paysage enneigé, 1888, huile sur toile, 50 × 60 cm, Londres, collection privée (F391/JH1358).
Paysage enneigé, 1888, huile sur toile, 50 × 60 cm, Londres, collection privée (F391/JH1358).
Moissons en Provence, juin 1888, environs d'Arles, huile sur toile, 50 × 60 cm, Jérusalem,
Musée d'Israël (F558/JH1481).
Moissons en Provence, juin 1888, environs d'Arles, huile sur toile, 50 × 60 cm, Jérusalem,
Musée d'Israël (F558/JH1481).
L'hôpital (appelé alors « Hôtel-Dieu » et devenu un temps « Espace van Gogh ») où fut admis
Vincent van Gogh à la fin de 1888.
L'hôpital (appelé alors « Hôtel-Dieu » et devenu un temps « Espace van Gogh ») où fut admis
Vincent van Gogh à la fin de 1888.
Iris, 1889, huile sur toile, 71 × 93 cm, Los Angeles, J. Paul Getty Museum (F608/JH1691).
Iris, 1889, huile sur toile, 71 × 93 cm, Los Angeles, J. Paul Getty Museum (F608/JH1691).
Lilas du jardin de l'hôpital, mai 1889, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
Lilas du jardin de l'hôpital, mai 1889, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.
Les Tournesols, 1888, huile sur toile (93 × 73 cm), Londres, National Gallery (F454/JH1562).
Les Tournesols, 1888, huile sur toile (93 × 73 cm), Londres, National Gallery (F454/JH1562).
Bien qu'il arrive dans la cité avec un temps de neige, une nouvelle page de son œuvre s'ouvre
avec la découverte de la lumière provençale. Dès le 22 février 1888, il commence sa production
arlésienne : il parcourt à pied la région et peint des paysages, des scènes de moissons et des
portraits. Il envoie toujours ses tableaux à Theo. Trois de ses premiers tableaux sont présentés à
la 4e exposition annuelle de la Société des artistes indépendants. En avril, Vincent rencontre le
peintre américain Dodge MacKnight, qui habite Fontvieille, un petit village au nord-est d'Arles.
Par MacKnight, il fait la connaissance du peintre Eugène Boch, avec lequel une relation plus
profonde se développe et dont il fait le portrait18.
Au début du mois de juin 1888, ayant reçu un billet de 100 francs de son frère Theo, il se rend en
diligence aux Saintes-Maries-de-la-Mer pour un séjour de cinq jours. Il y peint la barque Amitié et
le village regroupé autour de l'église fortifiée.
Article détaillé : Van Gogh aux Saintes-Maries de la Mer.
Portrait du docteur Félix Rey par Van Gogh (1889) et croquis par le médecin de la section de
l'oreille du peintre et du lobe restant (1930).
À Arles, des idées plus anciennes sur l'art et la peinture réapparaissent, comme faire des
séries de tableauxNote 7. Au printemps 1888, il réalise ainsi une série sur les vergers
fleurissants dans des triptyques, ainsi qu'une série de portraits comme ceux de la famille
Roulin. La première série des tournesols date aussi de cette époque. Entre-temps, il continue à
échanger des lettres et des tableaux avec Émile Bernard et Paul Gauguin. Vincent qui habite la
maison jaune, rêve en effet d'une communauté d'artistes unissant fraternellement leurs
expériences et leurs recherches : Paul Gauguin vient le rejoindre dans ce but le 23 octobre 1888 et
ils commencent à travailler ensemble, par exemple sur la série de tableaux consacrés aux Alyscamps.
Mais les deux hommes s'entendent mal : la tension et l’exaltation permanentes qu’implique leur
démarche créatrice débouchent sur une crise.
Le 23 décembre 1888, à la suite d'une dispute plus violente que les autres avec Gauguin, Van
Gogh est retrouvé dans son lit avec l'oreille gauche tranchée19,20. Plusieurs théories tentent
d'expliquer l'incident21. La thèse classique, soutenue par le musée Van Gogh d'Amsterdam
d'après le témoignage de Gauguin22,23, explique que Van Gogh menace d'un rasoir Gauguin qui
s'enfuit, laissant Van Gogh seul. Dans un accès de délire, celui-ci retourne le rasoir contre
lui-même et se coupe l'oreille avant d'aller l'offrir à une employée du bordel voisin
nommée tantôt Rachel, tantôt Gaby pour Gabrielle (âgée de 16 ans, elle ne pouvait pas être
prostituée, se contentant de faire le ménage et de ne travailler au bordel qu'en tant que
domestique)JLB 10. Différents diagnostics possibles expliquent cet accès de folie (voir
ci-dessous).
tableau montrant un homme à l'oreille droite bandée
Autoportrait à l'oreille bandée, 1889, huile sur toile (60 × 49 cm), Londres, Institut
Courtauld, The Samuel Courtauld Trust (F527/JH1657).
Le lendemain de sa crise, Van Gogh est admis à l'hôpital et soigné par le docteur Rey dont il
peint le portrait. Theo, inquiet de la santé de son frère, vient le voir et retourne à Paris le
jour de NoëlJLB 10 accompagné de Gauguin. Cependant, une pétition signée par trente personnes
demande l'internement ou l'expulsion de Vincent van Gogh d'Arles : il lui est reproché des
troubles à l'ordre public. Le 7 février, le docteur Delon demande son internement pour «
hallucinations auditives et visuelles ». Le 27 février, le commissaire de police d'Ornano
conclut dans son rapport que Van Gogh pourrait devenir dangereux pour la sécurité publique24. En
mars 1889, après une période de répit, il peint entre autres Autoportrait à l'oreille bandée.
Cependant, à la suite de nouvelles crises, il est interné d'office sur ordre du maire à
l'hôpital d'ArlesLettre 7. À la mi-avril, il loue un appartement au docteur Rey dans un autre
quartier d'ArlesLettre 8. Le 18 avril 1889, Theo et Johanna Bonger se marient à AmsterdamJLB 11.
Pendant son séjour à Arles, Vincent maintient le lien avec l'univers artistique parisien grâce à
l'abondante correspondance qu'il échange avec son frère Theo. Malgré l'échec de son projet
d'établir un atelier à Arles, il ne renonce pas au dialogue avec ses amis Émile Bernard et
Gauguin. Ce dernier, après son séjour mouvementé à Arles, accompagne à travers ses lettres la vie
de Van Gogh jusqu'à la fin25.
Saint-Rémy-de-Provence
Chambre de Vincent van Gogh à Saint-Paul-de-Mausole.
Le 8 mai 1889, il quitte Arles, ayant décidé d'entrer dans l'asile d'aliénés
Saint-Paul-de-Mausole que dirige le médecin Théophile Peyron, à Saint-Rémy-de-Provence. Il y reste
un an, au cours duquel il a trois crises importantes : à la mi-juillet, en décembre et la dernière
entre février et mars 1890.
La Nuit étoilée, 1889, huile sur toile, 73 × 92 cm, New York, Museum of Modern Art (F612/JH1731).
Malgré son mauvais état de santé, Van Gogh est très productif. Ce n'est que pendant ses crises
de démence qu'il ne peint pas. Dans l'asile, une pièce au rez-de-chaussée lui est laissée en
guise d'atelier26. Il continue à envoyer ses tableaux à Theo. Deux de ses œuvres font partie de
la 5e exposition annuelle de la Société des artistes indépendants de Paris. Un des premiers
tableaux de cette époque est l’Iris. Les peintures de cette période sont souvent caractérisées par
des remous et des spirales. À diverses périodes de sa vie, Van Gogh a également peint ce qu'il
voyait de sa fenêtre, notamment à la fin de sa vie avec une grande série de peintures de champs de
blé qu'il pouvait admirer de la chambre qu'il occupait à l'asile de
Saint-Rémy-de-Provence. Il quitte l'asile le 19 mai 1890Note 8.
Theo rencontre le docteur Paul Gachet sur les recommandations de Pissarro. Theo encourage Vincent à
sortir de l'asile et à se rendre à Auvers-sur-Oise, où il pourra consulter le médecin et être
près de son frèreJLB 12.
Van Gogh commence également à être connu. En janvier 1890, un article d’Albert Aurier dans le
Mercure de France27 souligne pour la première fois l’importance de ses recherches. Un mois plus
tard, la peintre Anna Boch acquiert l’un de ses tableaux, La Vigne rouge pour la somme de 400
francs28.
Le 31 janvier 1890 naît le petit Vincent, fils de son frère Theo. Dans les mois précédents la venue
au monde de ce neveu et dont Vincent est le parrain, il écrit à Theo sans jamais mentionner le nom
de l'enfant, en le nommant « le petit ». Lorsque le nouveau-né tombe malade sans gravité,
Vincent éprouve de la tristesse et du découragement.
Après avoir rendu visite à Theo à Paris, Van Gogh s'installe à Auvers-sur-Oise, situé à une
trentaine de kilomètres au nord-ouest de Paris30. Cette commune rurale du Vexin français était déjà
connue dans le milieu des peintres, initialement par les paysagistes de l'école de Barbizon, puis
par les impressionnistes. Il y passe les 70 derniers jours de sa vie, du 20 mai au 29 juillet 1890.
Le docteur Paul Gachet a promis de prendre soin de lui à la demande de Theo. Gachet, ami de Paul
Cézanne et des peintres impressionnistes et lui-même peintre amateur, veille sur Van Gogh, qui loue
une petite chambre no 5 dans l’auberge Ravoux, pour 3,50 francs par jour.
Van Gogh, au sommet de sa maîtrise artistique, va alors décrire dans ses œuvres la vie paysanne et
l'architecture de cette commune. Des articles paraissent dans la presse parisienne, bruxelloise
et néerlandaise. C'est un signe important de sa reconnaissance dans ce milieu artistique. Grâce
aux soins du docteur Gachet, son activité est intense : il peint 74 tableaux plus ou moins achevés,
réalise 45 dessins et une gravureVK 1,31. D'autre part, Theo, dont la maladie perdure, lui confie
son inquiétude pour son travail et pour le petit Vincent Willem, malade. Theo désire retourner aux
Pays-Bas.
L'instabilité mentale de Vincent van Gogh reprend vers la fin juillet 1890[réf. souhaitée]. Le
dimanche 27 juillet 1890, après avoir peint son ultime toile, Racines d'arbres33, il se tire un
coup de revolver dans la poitrine. Revenu à l'auberge Ravoux, il monte dans sa chambre. Ses
gémissements attirent l'attention de l'aubergiste, Arthur Ravoux, qui le découvre blessé et
fait venir le docteur Jean-Baptiste Mazery et le docteur Gachet. Une opération chirurgicale
n'est pas envisageable au vu des circonstances et de l'impossibilité de déterminer la
trajectoire de la balle. Anton Hirschig, artiste néerlandais pensionnaire de son auberge, se rend à
Paris le lendemain pour prévenir Theo van Gogh. Vincent van Gogh décède le 29 juillet, à 1 heure 30
du matin, à l'âge de 37 ans, son frère Theo étant à son chevet34.
Theo, atteint de syphilis et de ses complications neurologiques, est hospitalisé en octobre 1890
dans une clinique à Utrecht, où il meurt le 25 janvier 189135 à l'âge de 34 ans. Les deux frères
reposent tous deux au cimetière d'Auvers-sur-Oise, depuis que Johanna van Gogh-Bonger a fait
transférer le corps de son premier mari auprès de son frère en 1914.
En 2011, une hypothèse alternative sur la mort de Vincent van Gogh a été avancée par deux auteurs,
Steven Naifeh et Gregory White Smith, qui reprennent une rumeur lancée par un journaliste anonyme
dans les années 1930, attribuée erronément à Victor Doiteau36 : Vincent van Gogh aurait été victime
par accident d'une balle tirée par René Secrétan, jeune homme de 16 ans amateur d'armes à feu
et admirateur de Buffalo Bill, en villégiature à Auvers-sur-Oise avec son frère Gaston, 19 ans. Le
coup de feu fatal serait parti pendant une possible lutte entre René, 16 ans, et Van Gogh. Avant de
succomber deux jours plus tard, le peintre aurait alors décidé d'endosser toute la responsabilité
de l'acte en déclarant s'être visé lui-même, dans le but de protéger les garçons37 et par
amour pour son frère Théo, pour lequel il pensait être devenu un fardeau trop pesant.
Marianne Jaeglé relate cette thèse dans son livre " Vincent qu'on assassine " dans lequel
la vie de Vincent Van Gogh est écrite sous l'angle de la thèse du meurtre du peintre.
Cette thèse repose sur plusieurs arguments38 : Vincent van Gogh aurait été le souffre-douleur de
René Secrétan ; l'historien d'art John Rewald a recueilli dans les années 1930 des rumeurs
auversoises dans ce sens, mais ces témoignages sont tardifs et de seconde main ; René Secrétan,
dont les auteurs américains prétendent que le peintre a réalisé un dessin déguisé en cowboy et qui
a assisté au Buffalo Bill Wild West Show à Paris au début de l'année 1890, aurait volé le
revolver de l'aubergiste Arthur Ravoux pour tirer sur des oiseaux et petits animaux,
revolverNote 12 à l'origine de l'homicide involontaire ou du tir accidentel sur Vincent van
Gogh39,40,41,42 ; les signes de l'impact de la balle rendent peu probable qu'elle ait été
tirée à bout portant selon l'expert américain en médecine légale Docteur Vincent DiMaio43,44.
Un chercheur, Wouter van der Veen, travaillant sur la vie et l’œuvre de Vincent van Gogh, a publié
en 2020 une analyse de la dernière journée de Vincent van Gogh, du lieu où il a passé cette
journée, du dernier tableau qu'il a peint (Racines d'arbres, conservé au musée Van Gogh
d’Amsterdam), et de ses derniers écrits, corroborant le suicide.
À plusieurs reprises, Van Gogh souffre d'accès psychotiques et d'instabilité mentale, en
particulier dans les dernières années de sa vie. Au fil des ans, il a beaucoup été question de
l'origine de sa maladie mentale et de ses répercussions sur son travail. Plus de cent cinquante
psychiatres ont tenté d'identifier sa maladie et quelque trente diagnostics différents ont été
proposés48.
Parmi les diagnostics avancés se trouvent la schizophrénie, le trouble bipolaire, la syphilis, le
saturnisme, l'épilepsie du lobe temporal, la maladie de Menière. Chacune de ces maladies
pourrait être responsable de ses troubles et aurait été aggravée par la malnutrition, le surmenage,
l'insomnie et un penchant pour l'alcool, en particulier pour l'absinthe.
Une théorie suggère que le docteur Gachet aurait prescrit de la digitaline à Van Gogh pour traiter
l'épilepsie, substance qui pourrait entraîner une vision teintée de jaune et des changements
dans la perception de la couleur d'ensemble. Cependant, il n'existe aucune preuve directe que
Van Gogh ait pris de la digitaline, même si Van Gogh a peint Portrait du docteur Gachet avec branche
de digitale, plante à partir de laquelle est produite la digitaline.
L'art de Van Gogh a évolué constamment au cours de sa carrière artistique. Par exemple, il
s'intéresse aux estampes japonaises et aux gravures anglaises. Il prend plaisir à exécuter des
reproductions auxquelles il souhaite apporter une contribution artistique originale. Il réalise
plusieurs séries de tableaux, notamment des autoportraits et Les Tournesols. Par ailleurs, il
accorde aussi une place importante aux tableaux nocturnes66. Il applique les couleurs par touches
de pinceaux, sans mélanger sur la palette. Les couleurs se fondent à distance dans l'œil du
spectateur.
À l'automne 1882, Theo commence à financer Vincent afin que ce dernier puisse développer son art
sereinement. Au début de l'année 1883, il commence à travailler sur des compositions
multi-figures, surtout des dessins. D'après Theo, ces travaux manquent de vivacité et de
fraîcheur. À cause de ces commentaires, Vincent les détruit et se tourne vers la peinture à
l'huile. À Nuenen, il réalise de nombreuses peintures de grande taille mais il en détruit
également. Parmi les toiles de l'époque, on peut citer Les Mangeurs de pommes de terre, les
différentes têtes de paysans et les diverses interprétations de la chaumière.
Maison sous un ciel nocturne, 1890, huile sur toile, 59,5 × 73 cm, Saint-Pétersbourg, musée de
l'Ermitage.
Pensant qu'il manque de connaissance sur les techniques de la peinture, il se rend à Paris pour
continuer à apprendre et développer son style. Sa tendance à développer les techniques et les
théories des impressionnistes et les néo-impressionnistes dure peu. À Arles, Van Gogh reprend
d'anciennes idées. Il recommence par exemple à peindre une série de tableaux sur des sujets
similaires. La progression de son style se voit dans ses autoportraits. En 1884, à Nuenen, il avait
déjà travaillé sur une série pour décorer la salle à manger d'un de ses amis à Eindhoven.
Toujours à Arles, il transforme ses Vergers fleurissants en triptyques. Il réalise une autre série
sur la famille Roulin et il travaille avec Gauguin sur la décoration de la maison jaune. Les
peintures faites pendant la période de Saint-Rémy sont souvent caractérisées par des tourbillons et
des spirales. Les motifs de luminosité de ces dernières images ont été montrés conforme au modèle
statistique de turbulence de Kolmogorov67.
L'historien d'art Albert Boime est l'un des premiers à montrer que Van Gogh basait ses
travaux sur la réalité. Par exemple, le tableau Maison sous un ciel nocturne montre une maison
blanche au crépuscule avec une étoile bien visible, entourée d'une auréole jaune. Les astronomes
du Southwest Texas State University à San Marcos ont établi que cette étoile est Vénus, très
brillante le soir du 16 juin 1890, date de la création de ce tableau.
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