Les Instruments Humains - Précédé De Journal D'algérie - Poèmes Vittorio Sereni. De Vittorio Sereni, qui apparaît aujourd’hui, avec Mario Luzi, comme le
poète italien le plus important de sa génération, on a pu lire déjà en
traduction française Étoile variable, ultime recueil datant de 1981. Cet autre volume propose Journal d’Algérie et Les Instruments humains, soit l’ensemble des poèmes écrits de 1943 à 1965.
Réticent à l’égard d’une modernité dont il n’a pourtant fui aucune des
sollicitations, Sereni, pour dominer une angoisse historique née en
captivité, durant la Seconde Guerre mondiale, convoque les puissances de
la lucidité, de la mémoire et d’un apparent rationalisme aux
implications métaphysiques, voire animistes. En conciliant les
exigences a priori contradictoires de la prose et du vers, il instaure
un ordre poétique où cohabitent impact de l’émotion première et lent
travail de la forme. Cet ordre est ouvert à de multiples lectures qui,
par leur extrême diversité, font de Sereni, plus encore que notre
contemporain, notre intercesseur auprès d’un futur impensable. Extraits: LA SPIAGGIA
Sono andati via tutti – blaterava la voce dentro il ricevitore. E poi, saputa: – Non torneranno più –.
Ma oggi su questo tratto di spiaggia mai prima visitato quelle toppe solari... Segnali di loro che partiti non erano affatto ? E zitti quelli al tuo voltarti, come niente fosse.
I morti non è quel che di giorno in giorno va sprecato, ma quelle toppe d’inesistenza, calce o cenere pronte a farsi movimento e luce. Non dubitare, – m’investe della sua forza il mare – parleranno.
LA PLAGE
Ils sont tous partis, débitait la voix dans l’écouteur. Puis, pédante : Ils ne reviendront plus.
Mais aujourd’hui sur ce bout de plage auparavant jamais visité ces taches solaires... Leurs signaux, à eux qui n’étaient pas du tout partis ? Et muets quand tu te retournes, comme si de rien n’était.
Les morts ce n’est pas ce que jour après jour on gaspille, mais ces taches d’inexistence, chaux ou cendre prêtes à se faire mouvement, lumière. Ne crains rien, m’investit de sa force la mer, ils parleront.